EXIT est un documentaire d’Alison Wilson à ne pas manquer, le 23 septembre à 20h au Festival Femmes en résistance à Arcueil
Face à la caméra d’Alison Wilson, trois victimes de la prostitution et de la traite en Espagne témoignent. Un film exceptionnel pour écouter la voix des survivantes, loin de toute complaisance. A voir en première française le 23 septembre lors du festival Femmes en résistance.
Alika est Argentine. Une femme et une militante exceptionnelle, victime de proxénétisme et traite en Argentine et en Espagne pendant seize ans, victime en parallèle de violences conjugales, elle est aujourd’hui une leader militante. Malgré tous les obstacles, elle qui, sans éducation, n’avait au départ d’autre moyen de survivre que la prostitution, s’en est sortie. Mieux, elle s’est formée au droit pour pouvoir combattre la traite et se battre contre ses oppresseurs.
Elle explique en particulier avec une grande clarté comment c’est quasi impossible, pour les victimes de traite, de se reconnaître comme telles, tant quelles ne sont pas sorties du système. « Sans notion de droit, sans connaître la loi, dit elle, cela ne ressemblait pas au stéréotype de la victime, une enfant kidnappée dans une camionnette blanche, je n’étais donc pas une victime».
Elle en est donc sortie et combat donc aujourd’hui, pour elle-même, et toutes les autres. Elle a même dénoncé son réseau en Argentine et obtenu justice. Elle continue à oeuvrer pour que la prostitution et la traite soient reconnues pour ce qu’elles sont : des atteintes fondamentales aux droits humains des femmes, et une des ultimes violences du continuum des violences masculines.
EXIT, un parcours semé d’embûches
Vanessa est brésilienne. Elle aussi s’est retrouvée prise au piège de la prostitution parce qu’elle souhaitait une vie meilleure. Venue en Espagne au prix d’une dette à rembourser, elle s’est retrouvée prisonnière de l’univers concentrationnaire (selon les mots de la survivante Amelia Tiganus) des « clubs » espagnols, ces bordels légaux qui exploitent des femmes victimes de la traite internationale.
Une fois sa dette remboursée, elle a cru pouvoir s’en sortir, mais le système l’a rattrapée. Notamment parce qu’elle a eu un conjoint violent, qui l’a gravement battue. Le système a eu des conséquences terribles. Face à la banalisation du « travail du sexe » qui emporte aujourd’hui ses deux filles dans le système, elle a choisi de témoigner, parce que c’est vital d’alerter sur le piège prostitutionnel. « Il est vital de dire la vérité. Ce n’est pas une bonne vie, pas une vie de glamour, de sexe et d’orgasmes. C’est le contraire. La douleur, la violence, l’exploitation ».
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L’enfer libyen
Hope est Nigériane. Victime d’un mariage forcé, elle a cru pouvoir trouver une vie meilleure en allant en Europe au prix d’une dette. Elle a vécu l’enfer. L’enfer, tellement violent sur la route (Niger, Libye), que la prostitution de rue en Europe lui semblerait presque moins grave. Pour autant, elle n’en veut pas comme métier, ce n’est pas un métier, dit-elle. Et elle souhaite en sortir.
Les témoignages recueillis par la réalisatrice sont ponctués de superbes dessins réalisés par Mateo Cardo qui ajoutent à la force du récit. Enfin, des paroles de militantes, d’organisations féministes, de travail de terrain comme Medicos del Mundo (qui accompagne plus de 100 000 femmes et est abolitionniste en Espagne), et de CAP international, la coalition abolitionniste de la prostitution, mènent tous à la même conclusion.
Dans ce système, si les femmes et les enfants sont victimes, exploitées par la misère, le patriarcat et les réseaux, c’est bien à la racine du système qu’il faut s’en prendre pour espérer changer les choses : ce « client » prostitueur sans lequel il n’y aurait ni traite, ni réseaux, ni prostitution. Comme le dit Alika : « ils savent très bien quel droit humain ils violent en payant pour du sexe. Ils ne se demandent pas ce que la femme en face d’eux a pu vivre. Pour faire court, ce qui les intéresse…c’est le pouvoir ».
Projeté en première française pour les 20 ans du festival Femmes en résistance, espace municipal Jean Vilar, 1 rue Paul Signac, le 23 septembre à 20h, en partenariat avec le Mouvement du Nid, CAP international et la FNCIDFF.
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Dessin image à la Une : ©Mateo Cardo