The Sessions

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Ce pourrait être une de ces innombrables bluettes produites par Hollywood, avec son lot de larmes, d’humour et de réflexions «profondes» sur le sens de la vie… mais voilà, Mark est un homme handicapé , qui paie les services d’une «assistante sexuelle» et l’avoue cyniquement : je suis fier de moi, je vais obliger une presqu’inconnue à forniquer avec moi .

Quelle belle et touchante unanimité autour de «The Sessions» ! Inutile de chercher une voix discordante dans le chœur d’éloges qui accompagne le film depuis les Etats-Unis où il a obtenu un pris au Festival du film indépendant de Sundance à la France où il semble promis à une belle carrière au vu de sa couverture médiatique : Libération, par exemple, lui consacrait sa première page le jeudi 7 mars !

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L’argument en est simple et inspiré de l’histoire de Mark O’ Brien , un journaliste américain, victime, enfant, de la polio et resté très lourdement handicapé. Décidé, à 38 ans, à perdre sa virginité, il s’adresse, sur les conseils d’une sexologue, à une  «assistante sexuelle» Cheryl Cohen Greene. La relation qui va s’établir entre cette femme, mariée et mère de famille et cet homme, obligé de passer des longues heures dans un poumon artificiel, constitue l’essentiel du film.

Face à face, deux corps : celui d’Helen Hunt, montré frontalement, et celui de John Hawkes, pudiquement évoqué…. Mais l’acte sexuel, qui semblait le but ultime de Mark, ne résout rien évidemment, des problèmes inhérents à son handicap et à sa solitude. Et, lorsqu’un sentiment amoureux naît, les séances cessent. Elles n’auront été qu’un prélude au véritable amour, rencontré dans une chambre d’hôpital…

N’étaient les caractéristiques particulières des deux personnages, ce pourrait être une de ces innombrables bluettes produites par Hollywood, avec son lot de larmes, d’humour et de réflexions «profondes» sur le sens de la vie… mais voilà, Mark est un homme handicapé , qui paie les services d’une «assistante sexuelle» et l’avoue cyniquement : je suis fier de moi, je vais obliger une presqu’inconnue à forniquer avec moi dit-il au prêtre qui l’entend en confession. Cheryl, quant à elle, prend très au sérieux son «travail», tient un compte rendu précis de ces «séances» avec son «client» et coupe court, d’entrée, à tout questionnement sur son statut particulier : Je ne suis pas une prostituée. Le but de la prostituée, c’est que tu reviennes. Ce n’est pas le mien.

Et puis, en voilà assez, semble nous dire le scénario… Toutes les questions que vous pouviez vous poser sur les motivations de Cheryl et de Mark, toutes les ambiguïtés de leurs relations, ne sont qu’ergotages de puritains. Laissez-vous porter par cette belle histoire d’un amour pas comme les autres… Eh bien, non ! Ni le pathétique ni le happy end relatif ne tiennent lieu de réflexion. Tout au contraire, ils en éloignent l’exercice salutaire… Une fois encore, un film qui nous est vendu comme audacieux fait l’impasse sur la réalité prostitutionnelle d’une pratique pudiquement et habilement camouflée en « assistance sexuelle ».