Bâtir un groupe de parole pour les personnes accompagnées, c’était un projet de longue date pour la délégation de l’Eure-et-Loir. En 2019, il s’est concrétisé et a pris une importance majeure. Il a permis aux femmes de se rencontrer, d’être ensemble malgré la différence de langue, de nationalité, de parcours. Elles parlent de ce qu’elles ont vécu, ce qu’elles ont envie de faire ; elles se motivent mutuellement.
Ces réunions aplanissent les obstacles liés aux dif- férentes nationalités, permettent aux femmes en début de parcours, ou qui sont encore en situation de prostitution, ou moralement démunies, de voir qu’il y a une possibilité de s’en sortir ; même si parfois ça prend du temps, on peut faire quelque chose et avancer !
« Les femmes plus avancées dans leurs démarches parlent de leurs expériences, comment elles ont attendu la commission, le rendez-vous avec la préfecture, leur demande de logement… et combien aujourd’hui elles sont heureuses, sereines… c’est magnifique de voir ça », témoigne Noura Raad, salariée de l’Eure-et-Loir. « Cela créé une solidarité entre elles ; par exemple des femmes acceptent d’aider les nouvelles pour les cours de français, une autre a proposé le cv d’une autre participante là où elle travaille. »
Les échanges prennent du recul par rapport aux expériences personnelles, des participantes construisent une véritable analyse du système prostitutionnel. Le dia- logue se déplace vers les questions du statut des femmes dans nos sociétés, ce qu’il faudrait mettre en place : par exemple une femme nigériane a évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’avoir des liens avec des associations dans son pays pour sensibiliser les jeunes femmes.
En 2019, la délégation a accompagné 22 personnes, par des échanges hebdomadaires, des déplacements avec les personnes auprès de différents partenaires pour soutenir les démarches. Cinq personnes ont vu leur PSP renouvelé et quatre nouvelles personnes ont obtenu l’accès à ce dispositif.