La délégation d’Eure-et-Loir qui a moins de dix ans, est très active sur tous les fronts : sensibilisation, prévention, formation et accompagnement.
8 mars 2023 : la ville de Dreux a choisi cette date symbolique consacrée aux droits internationaux des femmes pour inaugurer la Maison des femmes, avec le concours de nombreux partenaires, dont le Mouvement du Nid.
« Cette maison accueillera toutes les femmes et, en particulier, celles que nous accompagnons à travers des ateliers de bien-être, par exemple. Récemment, nous y avons organisé l’un de nos ateliers de prévention pour les collégiens », commente Mina, la bénévole responsable qui prévoit également d’y assurer des formations.
L’équipe est aujourd’hui constituée d’une dizaine de bénévoles -toutes en activité professionnelle- et d’une salariée.
« Par chance, notre délégation qui a été créée suite à un diagnostic territorial (*), à la demande des structures de l’État, est soutenue dans tous ses projets par les collectivités (Conseil départemental, Délégation départementale aux droits des femmes et à l’égalité).
Depuis la publication de ce diagnostic territorial, en 2017, qui révélait « des formes de prostitution cachée et régulière…dans les quartiers et les zones rurales », le département s’est en effet engagé à mettre en œuvre des actions pour sensibiliser le grand public et les professionnels et accompagner les personnes prostituées.
Comme les demandes de formation sont importantes, deux sessions ont été organisées sur la prostitution des mineur·es, lors de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, les 25 et 29 novembre 2022. Ces deux manifestations ont drainé plus de 250 professionnels venus d’horizons très divers : éducateurs spécialisés, conseillers en insertion professionnel, assistantes sociales et personnels du corps enseignant…
Noura, avocate et bénévole à la délégation, a fourni des pistes aux participant·s pour leur permettre de bien repérer une situation de prostitution et d’objectiver un signalement, en s’en tenant aux faits.
S’inspirant du témoignage filmé d’une jeune fille, Jade, les intervenant·es ont mis en lumière les nombreux facteurs d’entrée dans la prostitution : rupture familiale, rencontre avec un « lover boy », drogue pour tenir le choc, remboursement de la dette..
Des ateliers au menu ou à la carte
La délégation propose aux collèges une série de sept ateliers de prévention, d’une durée de deux heures chacun, qui peuvent être répartis sur toute l’année.
Mais les structures intéressées peuvent également choisir un ou plusieurs ateliers qui portent sur l’égalité filles-garçons, l’éducation à la sexualité, la vie sexuelle et affective.
Lors d’une intervention dans une classe de collège, Mina avait interrogé les 24 élèves sur le terme de ‘michetonnage’ ; « 30% des élèves ont répondu connaître une personne qui a recours à cette pratique », commente la déléguée qui a fait prendre conscience à la classe que cette personne était une victime de prostition.
Lors de ces interventions, l’équipe de la délégation propose également un jeu d’une cinquantaine de cartes sur le consentement, ce qui permet d’engager le débat avec les élèves.
L’équipe de bénévoles organise également des ateliers de prévention à destination des ambassadeurs (**) ; ces élèves volontaires peuvent signaler à la délégation ou au Conseiller principal d’éducation (CPE) des cas de jeunes à risques dans l’établissement. Ces ambassadeurs à qui la déléguée a fourni ses coordonnées téléphoniques, peuvent ainsi être en première ligne pour lancer l’alerte.
Un accompagnement en PSP à l’importance majeure
Tous les dossiers de demande de parcours de sortie de la prostitution (PSP) qui ont été déposés par la délégation d’Eure-et-Loir ont été acceptés par la Commission départementale.
« Depuis 2017, 35 femmes ont ainsi été suivies dans le PSP dans notre département et une cinquantaine sont accompagnées, principalement des femmes nigérianes », précise Mina.
Parallèlement, la délégation a signé une convention avec le Parquet pour coordonner des stages de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels. « Nos relations sont très bonnes, ce qui nous facilite notre travail », ajoute la déléguée. D’ores et déjà, la délégation a déjà mis en place deux stages, l’un en décembre 2022 et l’autre en avril 2023.
(*) Diagnostic territorial partagé, Eure-et-Loir, Agence régionale de santé Centre Val-de-Loire, 2017
(** ) Créé en 2018 par le ministère de l’éducation nationale, le dispositif des ambassadeurs a été mis en place pour prévenir le harcèlement et le cyber harcèlement dans les établissements scolaires. Ces élèves volontaires forment leurs pairs et initient des actions de prévention.