Villa Biron : la parole des victimes entendue

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CP Villa Biron. Un procès exceptionnel contre un réseau de traite d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle s’est tenu cette semaine au tribunal de Bobigny. 

Le Mouvement du Nid s’est constitué partie civile, comme il le fait régulièrement, pour être aux côtés des victimes d’un réseau qui a exploité des dizaines de femmes trans migrantes pendant plus de vingt ans.

L’association salue à cet égard le courage de toutes les victimes qui ont été entendues dans le cadre de cette affaire, y compris des huit femmes qui sont venues à la barre et se sont constituées parties civiles.

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Nos équipes de terrain se sont mobilisées pour leur trouver des solutions d’hébergement et les accompagner dans leurs démarches administratives. Leur parole et le dossier d’enquête ont parfaitement démontré que l’argumentaire de la défense, décrivant un réseau « d’entraide » et de « solidarité » ne résiste pas à la matérialité des faits.

Nous rappelons également la responsabilité de l’Etat de mettre à l’abri les victimes de traite dans des conditions sécurisantes.

Des femmes transgenres ont été prostituées dans cette villa pendant des décennies. Elles sont venues d’Amérique latine, sur conseils de leurs « soeurs », payer de lourdes sommes pour loger dans des appartement suroccupés  dans un immeuble insalubre et dangereux, et pour occuper un emplacement de prostitution au Bois de Boulogne.

Elles ont payé des loyers exorbitants à un propriétaire qui venait régulièrement sur les lieux récupérer son enveloppe mensuelle, et qui se montrait agressif lorsque ses locataires étaient en retard.

Dans la procédure, étaient également mises en cause d’anciennes personnes prostituées, qui ont été amenées à en exploiter d’autres, du fait de l’isolement et de l’emprise exercée par le réseau. Ce fonctionnement est le même pour tous les réseaux de proxénétisme, y compris les réseaux nigérians. Le Mouvement du Nid tient à souligner que ce sont des femmes qui ont été victimes d’actes de torture au quotidien, et qu’il est important que la juridiction pénale tienne compte de ce double statut dans l’appréciation de leur responsabilité pénale.

Le propriétaire de l’immeuble, mis en cause pour proxénétisme aggravé, a gagné plusieurs millions d’euros au détriment de personnes migrantes en situation de précarité et de vulnérabilité extrêmes, ainsi enfermées dans le système prostitutionnel.

«  Lors de l’audience, le propriétaire s’est uniquement dépeint comme victime, allant même jusqu’à décrire les femmes victimes comme responsables de l’insalubrité des lieux, et n’a jamais reconnu le caractère ignoble de l’exploitation qui l’a rendu riche  », souligne Lorraine Questiaux, avocate de notre association.

Les «  clients  » défilaient quotidiennement dans l’immeuble, par dizaines, du matin au soir, pendant des années. Beaucoup le savaient, personne n’a rien dit. La stratégie de l’agresseur* s’illustre dans tous ses aspects dans cette affaire qui, bien qu’elle décrive un réseau particulier de proxénétisme et de traite des êtres humains, ressemble à toutes les autres.

Nous ne pouvons donc que nous féliciter du déroulement du procès et de la procédure, et espérons que le jugement sera à la hauteur de la gravité des faits. Enfin, qu’il permettra à la société de prendre conscience de la violence des réseaux qui exploitent des femmes pour satisfaire des «  clients  » prostitueurs qui, à aucun moment, ne se préoccupent de la situation de celles qu’ils paient pour avoir accès à leur corps.

*Choisir sa victime et l’isoler. La dévaloriser pour qu’elle devienne dépendante. Renverser la culpabilité en lui faisant croire que ce qu’elle subit est de sa faute. Installer la terreur. Préserver son impunité. Le Collectif contre le viol (CFCV) a identifié depuis longtemps ces 5 étapes de la stratégie de l’agresseur. Une stratégie, qui dans la prostitution, sévit à plein. Notre dossier sur le sujet ici.