2019 : Les parcours de sortie se développent

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L’accompagnement inconditionnel des personnes prostituées est au cœur de l’action du Mouvement du Nid. Avec la loi du 13 avril 2016, cet accompagnement dispose désormais d’un outil fondamental pour faire du projet abolitionniste une réalité : le parcours de sortie de la prostitution (PSP). S’il est encore trop peu répandu relativement aux besoins, il reste un dispositif qui fait ses preuves dès lors qu’il est appliqué.

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16 délégations du Mouvement du Nid sont agréées dans 17 départements pour présenter des personnes en PSP, ce qui fait de notre association un acteur central sur ce terrain. 2019 a été la deuxième année pleine de mise en œuvre des PSP, et celle où les tout premiers parcours se sont achevés. Pour les personnes qui en ont bénéficié, ces parcours changent la vie.

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Ainsi, Magali, 25 ans, arrachée de République Dé- mocratique du Congo par un réseau mafieux, prostituée en France pendant plusieurs années, accompagnée par le Mouvement du Nid dans l’Essonne, a été en 2017 la première personne à bénéficier d’un parcours de sortie de prostitution, alors qu’elle risquait d’être expulsée du territoire français. Deux ans plus tard, à la fin de son parcours de sortie (en octobre 2019), elle travaille en EHPAD, et a un CDI. Elle a un logement, sa fille est scolarisée et stabilisée, et elle a désormais résolument de l’espoir pour l’avenir.

Ce sont au total plus de 50 femmes, hommes, personnes trans qui bénéficiaient de parcours de sortie en 2019 avec l’appui du Mouvement du Nid. Dans plusieurs délégations (Hérault, Loire-Atlantique), une salariée est maintenant dédiée à l’accompagnement spécifique en parcours de sortie.

Les commissions départementales de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains sont les lieux où se décident ces parcours. Fers de lance de l’action publique, elles sont aussi un lieu de sensibilisation voire de formation pour certains des participant·es (représentant·es de la police judiciaire, Éducation nationale…) ; elles permettent le travail en coopération et une bonne connaissance mutuelle de tous les acteurs du département, dont elles améliorent la coordination.

Un combat sans relâche

Le Mouvement du Nid, localement, sensibilise pour faire comprendre l’histoire difficile des personnes, les obstacles souvent méconnus qu’elle rencontrent en tant que victimes d’une forme de violence et d’exploitation sexuelle gravissime. L’association se bat aussi contre le rejet de certains dossiers pour des raisons relevant de la politique migratoire française, sans considération pour l’engagement abolitionniste de notre pays.

Grâce à la loi, les personnes prostituées ne sont plus des délinquantes, mais reconnues comme des victimes de violence, qui ont le droit à toute la considération de notre société. Nos délégations constatent ainsi qu’elles osent davantage porter plainte et dénoncer publiquement des violences et des abus qu’elles ne confiaient auparavant que très confidentiellement dans nos permanences d’accueil…

Pour le Mouvement du Nid, qui accompagne les victimes dans leurs dépôts de plainte, l’accueil des forces de police s’est amélioré dans plusieurs départements, suite aux collaborations dans les commissions départementales. On constate hélas encore des refus de plainte, des classements sans suite ou un manque de considération des victimes ; mais là où il y a eu des formations, la situation a clairement changé.

Malheureusement, les dispositifs prévus par la loi sont appliqués de manière hétérogène sur le territoire, certains départements n’ont toujours pas de commission départe- mentale, d’autres en sont encore au stade du diagnostic.

Associés à la sensibilisation des professionnel·les, les diagnostics sont très importants. Ils offrent l’occasion de cerner la situation : ainsi, à Besançon, la délégation du Mouvement du Nid a chargé une salariée à mi-temps, en partenariat avec la DDFE, de faire le diagnostic local, publié en 2020.

Des échos de nos délégations

  • Eure-et-Loir

En 2019, la commission départementale s’est réunie pour examiner les nouvelles demandes d’entrée en PSP, le 5 décembre. Lors de cette commission, il y a eu des échanges intéressants, notamment sur les droits que la loi de 2016 accorde aux personnes accompagnées dans un PSP, le droit à l’autorisation provisoire de séjour (APS), le droit de travailler, l’examen de la situation des personnes par la préfecture à la fin du PSP pour les personnes ayant bénéficié d’une APS. Un accent a été mis sur les parcours de ces personnes pour rappeler que si le Mouvement du Nid présente leurs dossiers c’est parce qu’elles sont victimes de la prostitution et qu’elles souhaitent arrêter et retrouver leur vie normale.

Lors de cette commission, nous avons présenté les nouvelles demandes et très rapidement les situations des personnes ayant intégré le PSP en 2018, pour donner une idée des résultats positifs.

Suite à cette commission (c’est la 3ème dans l’Eure-et-Loir), nous constatons qu’il existe encore des résistances à l’application de la loi, une ignorance parfois des éléments prévus par le texte, mais nous observons aussi que plusieurs partenaires présents lors de la réunion de la commission sont de plus en plus alertés et n’hésitent pas à nous solliciter s’ils ont des doutes sur certaines situations.

  • Haute-Garonne

Cinq jeunes femmes nigérianes, présentées par le Mouvement du Nid, ont pu bénéficier du PSP en 2019. Des partenariats renforcés ont été mis en place avec différents acteurs de l’insertion professionnelle (Pôle emploi, mis- sion locale), ou de l’aide au logement (Soliha, 115).