L’abolitionnisme à la Fête de l’Humanité

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L’abolitionnisme à la Fête de l’Humanité. Les 13 et 14 septembre, 3 tables-rondes de la fête de l’Humanité ont traité de la question des droits des femmes et de la prostitution.

Jonathan Machler, directeur de CAP international, Stéphanie Caradec, directrice du Mouvement du Nid, Hema Sibi, porte-parole de l’association, et Anne Darbes, survivante et membre de notre comité de rédaction, ont participé à trois débats autour de la prostitution et des droits des femmes, qui ont suscité un vif intérêt.Toutes les discussions ont été passionnantes.

Nous faisons ici un point plus détaillé sur le débat « l’abolition, un enjeu pour la gauche, organisé par Cap international.

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Etaient présentes des membres du Mouvement du Nid France, de la mairie de Paris, du parti communiste, de la CGT, de la Fondation des Femmes, ainsi qu’Anne Darbes, survivante de la prostitution.

Jonathan Machler, directeur de CAP international a expliqué l’importance d’un tel débat :

« Parce que d’une part, nous sortons d’une séquence historique avec la décision de la CEDH, (qui a déclaré conventionnelle la loi de 2016 sur la prostitution NDLR), et d’autre part, nous sommes dans une reconstruction de la gauche, avec l’émergence du Nouveau front populaire. L’abolitionnisme de la prostitution doit être porté par toutes les forces en présence… »

Anne Darbes, survivante de la prostitution et autrice du livre Le visage de l’autre a ensuite pris la parole pour donner son point de vue les effets de la loi abolitionniste française.

« Avant la loi, les personnes prostituées étaient passibles d’un délit. Rare était celle qui passait à travers les mailles de l’arrestation, du fichage et des fortes amendes. Il n’y avait pas de parcours de sortie ni de prise en charge de la souffrance.  Le « client »(prostitueur) n’était jamais inquiété », a-t-elle expliqué.

La loi de 2016 a inversé la donne : la personne prostituée est désormais reconnue comme victime et peut entamer un parcours de sortie si elle le souhaite. Quant au client prostitueur, il est désormais passible d’une forte amende.

Stéphanie Caradec, directrice du Mouvement du Nid France, a ensuite présenté le travail de terrain de l’association, et son action de formation, sensibilisation et prévention auprès des jeunes.Elle a rappelé que la prostitution est dans le continuum des violences :

« C’est une violence à l’intersection de plusieurs oppressions : sexiste (la majorité des personnes prostituées sont des femmes), et les acheteurs d’actes sexuels sont des hommes. C’est aussi une oppression raciste et colonialiste : les femmes migrantes, d’Afrique, ou d’Europe de l’Est sont surreprésentées dans la prostitution C’est enfin une oppression « classiste » : des femmes précaires et vulnérables dans la majorité des cas.

Pourquoi l’abolitionnisme est important pour la gauche ? Parce que c’est une idée radicale comme l’est l’abolition de l’esclavage, avec comme point commun l’exploitation et une soumission contrainte et violente sur l’humain », a-t-elle poursuivi.

Hélène Bidard, du Parti Communiste, adjointe de la Maire de Paris à l’égalité femmes hommes, a de son côté expliqué que « La loi 2016 permet de changer de paradigme, y compris pour les politiques et services publics qui peuvent maintenant influer, sur un changement de mentalité de la police et de la justice. Depuis la loi 2016, on peut enfin travailler sur l’accès aux droits pour toutes les personnes en situation de prostitution ».

Cécile Thiebaut-Martinez, députée PS et ancienne présidente de la Coordination pour un lobby européen des femmes, a souligné combien il fallait que la gauche maintienne et défende la position abolitionniste qui a permis à la loi d’être votée.

« Hélas, les moyens pour l’application de cette loi sont encore insuffisants. Par exemple, les campagnes d’information sur l’interdiction d’achat sexuel sont très rarement diffusées au sein de la société », a-t-elle expliqué.

Enfin, Sabine Reynosa de la CGT s’est exprimée sur le rôle des syndicats : « Nous, syndicalistes, nous battons contre toutes les discriminations et pour l’égalité, pour que plus aucune femme ne soit réduite au rang d’objet face aux désirs et privilèges des hommes. C’est d’ailleurs tout l’enjeu des droits des femmes au travail, que nous défendons.

La violence est inhérente à la prostitution. On assiste à l’arrivée de femmes les plus vulnérables au monde, destinées à satisfaire les besoins sexuels des hommes dans les pays les plus riches. Victimes de la traite, elles sont traitées comme des matières premières ».

Lors des trois tables-rondes, les abolitionnistes ont pu faire entendre leur voix, essentielle pour l’avenir de la gauche et de l’égalité.