La délégation du Rhône a rencontré chaque semaine en 2018, dans l’ensemble des lieux de prostitution de rue de l’agglomération lyonnaise (Gerland, Perrache), de jour comme de nuit, ainsi que sur les routes rayonnant autour de la ville, environ 800 personnes différentes, essentiellement des personnes étrangères issues de l’Afrique sub-saharienne, l’Europe de l’Est, l’Amérique centrale ou latine et d’Afrique du Nord.
L’action de rencontre est fondamentale pour le Mouvement du Nid : elle est gratuite, se suffit à elle-même sans être utilitaire (assistance alimentaire ou médicale, par exemple) et brise un tabou, celui qui rejette les personnes prostitués hors du champ social en raison de leur activité.
La délégation du Rhône organise selon les secteurs des actions de rencontre régulières, à un rythme hebdomadaire ou mensuel, effectuées par équipes stables de deux bénévoles (un homme et une femme). En 2018, quatre équipes se sont partagées l’ensemble des lieux de prostitution de rue dans l’agglomération lyonnaise (Gerland, Perrache), de jour comme de nuit, ainsi que sur les routes rayonnant autour de la cité, dans un rayon de presque cent kilomètres, en direction de Paris, Tarare, Bourg- en-Bresse, Satolas-et-Bonce, Bourgoin-Jallieu, Valence.
Près de 1 200 heures ont été consacrées à cette activité, en 119 visites sur le terrain ; l’équipe a rencontré environ 800 personnes différentes, essentiellement des personnes étrangères issues de l’Afrique sub-saharienne, l’Europe de l’Est, l’Amérique centrale ou latine et d’Afrique du Nord.
L’équipe constate une forte précarisation de l’activité dans la rue et un défaut d’application de la loi du 13 avril 2016. Depuis plusieurs années, les personnes prostituées rencontrées disent que la fréquentation des « clients » a diminué. Elles craignent l’action des policiers qui enlèvent les camionnettes en fourrière.
À Lyon, cette action policière n’est pas cohérente avec la loi d’avril 2016 : elle s’en prend aux personnes prostituées elles-mêmes en les poursuivant au travers de motifs détournés (stationnement illégal dans certaines zones), sans inquiéter les « clients ». La situation est différente au nord de Lyon, dans la zone de Villefranche-sur-Saône, où l’action de la gendarmerie obéit à la volonté du procureur de poursuivre les « clients ».
Ce sont les personnes les plus démunies qui sont présentes dans la rue et sur les routes, celles qui ne voient pas d’autres moyens d’exercer de manière plus rentable dans des hôtels ou des studios. Elles font partie des plus contraintes par le proxénétisme. Les réseaux alimentent continuellement avec de nouvelles victimes, très jeunes sinon mineures, Équato-guinéennes, Dominicaines, Roumaines ou Nigérianes…
Cela est d’autant plus navrant que l’équipe recueille de plus en plus d’appels à l’aide de ces jeunes femmes, désirant arrêter la prostitution et vivre autrement. Or les dispositifs de la loi du 13 avril 2016, particulièrement les parcours de sortie de la prostitution (PSP), ne sont toujours pas mis en œuvre dans le département. La Commission départementale prévue par la loi n’a été mise en place qu’en décembre 2018.
L’équipe a immédiatement présenté une personne volontaire pour un PSP. Parmi les autres perspectives à l’avenir, elle a aussi posé cette année les bases de l’extension de son activité de rencontre à un secteur qui est pour le moment hors de portée, celui des « salons de massages », hôtels meublés, promus par le biais des sites internet spécialisés.