Prévention par les jeunes, regards d’adultes. C’est la double entrée de la brochure publiée par la délégation du Mouvement du Nid des Bouches-du-Rhône. Le chantier est immense. Face à la banalisation du X, qui n’est rien d’autre que de la prostitution filmée, elle a jugé urgent d’ouvrir ce nouveau champ d’analyse, de proposer des pistes de réflexion et d’action.
Sur un sujet aussi essentiel, il est en effet surprenant de constater l’absence totale de débat public ; comme si une sidération empêchait toute remise en cause. Pourtant, le X est plus que jamais devenu une entreprise de dégradation de l’autre, où se croisent misogynie, racisme, sadisme et viol.
Comment faire l’économie d’une réflexion sur l’impact d’un tel matériel sur les vies individuelles mais aussi sur les représentations sociétales des femmes, des hommes et de la sexualité ?
Lors de séances de prévention, la délégation a donc pris un chemin original en demandant aux jeunes eux-mêmes, filles et garçons, de produire les messages qu’ils souhaiteraient diffuser : Quand un garçon me regarde, je suis dégoûtée si je sais qu’il se masturbe devant des films
, déclare une jeune fille. Un jeune homme avoue, lui, être tombé dans la drogue aux films de cul
.
Ces réflexions sur le vif sont assorties d’analyses produites par une psychologue clinicienne, un philosophe et une pédiatre engagée en faveur des droits des femmes, lors du colloque organisé à Marseille par la délégation en novembre 2016, ainsi que par le sociologue Sonny Perseil, récemment interviewé dans notre revue. En développant par exemple son travail d’accompagnement auprès d’une jeune actrice X, la psychologue met à jour l’exploitation sexuelle et le harcèlement moral qui font le quotidien de ce milieu sans pitié. Des pistes sont également ouvertes sur l’importante bataille culturelle à mener et sur les outils d’éducation à la sexualité à concevoir.
La brochure, diffusée dans les services CDI et santé des lycées et dans les universités locales, est disponible sur demande auprès de la délégation.