Chambre 2806 : l’affaire DSK

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L’affaire DSK a fait couler beaucoup d’encre. Dix ans après, un documentaire fait le point sur toutes les affaires impliquant l’ex-homme politique, et le font apparaître comme un agresseur en série, notamment de femmes en situation de prostitution

Près de dix ans après l’affaire du l’hôtel Sofitel à New-York, ce documentaire diffusé sur Netflix retrace l’agression sexuelle ayant impliqué Dominique Strauss Kahn et qui provoqua sa chute. Un récit fouillé et passionnant sur un scandale qui secoua la planète, bien avant le hashtag #MeToo déclenché par l’affaire Harvey Weinstein, le producteur le plus puissant d’Hollywood accusé de viols et d’agressions sexuelles. 

Dans Chambre 2806, cette mini-série en quatre épisodes, le réalisateur Jalil Lespert rouvre des dossiers annexes à l’affaire, dont le procès du Carlton, et révèle la face sombre de cet ancien directeur du FMI : un agresseur en série qui a toujours agi en toute impunité.

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Quand les puissants de ce monde se pensent au-dessus des lois…

Dans ce documentaire, Nafissatou Diallo, la femme de chambre agressée sexuellement par Dominique Strauss Kahn raconte comment il l’a trainée au sol jusqu’à la salle de bains. Il était  « comme  un singe, comme un animal », commente-t-elle.  Les examens médicaux qu’elle a subis à l’hôpital ont révélé des blessures à l’épaule, ainsi que des bleus au coude et aux genoux. Confondu par son ADN, l’accusé sera contraint de reconnaître les faits, en niant néanmoins « tout acte répréhensible ».  

Sept chefs d’accusation seront portés à l’encontre de ce « tsar financier du monde » qui encourait une peine de soixante-quatorze ans de prison pour tentative de viol, agression sexuelle et séquestration. Ayant bénéficié d’un non-lieu, il est sorti libre du tribunal de Manhattan. 

Cet ancien candidat à la présidentielle a payé les plus brillants avocats de New York et engagé des détectives privés pour discréditer la parole de la femme de chambre d’origine guinéenne et il y est parvenu.  Les pires rumeurs ont circulé sur elle. On a même raconté qu’elle l’avait accusé de viol parce qu’elle n’avait pas été rétribuée pour cet acte sexuel consenti. Quand la victime devient coupable…

Une affaire parmi d’autres 

Cette affaire DSK du Sofitel a incité la romancière Tristane Banon à poursuivre DSK pour tentative de viol ; les faits remontant à 2003, ils ont été prescrits. Dans le documentaire, la jeune femme raconte que le récit de Nafissatou Diallo « c’était du copier-coller » de l’agression qu’elle avait subie.  La « force et violence l’excitaient », ajoute-t-elle. 

Le premier « écart » médiatisé de l’homme politique remonte à 2008 lorsqu’il a eu une liaison avec Piroska NAGY, une collaboratrice au FMI. « J’étais perdante, quoi que je fasse », a souligné cette femme qui a divorcé après cette affaire et a été « brûlée professionnellement ». 

En France, Strauss-Kahn traînait depuis longtemps derrière lui une réputation sulfureuse.  Selon un journaliste français interviewé dans ce documentaire, tout le monde savait qu’il fréquentait les clubs échangistes, ainsi que le secteur de la prostitution au bois de Boulogne. 

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Même domination, même violence au Carlton

Lorsque l’affaire du Carlton de Lille a éclaté qui mettait en cause DSK pour proxénétisme, en 2015, Jade et Mounia, femmes en situation de prostitution, ont décrit à la barre  les rencontres organisées par DSK comme de « l’abattage », du « carnage ».  Ces deux femmes s’étaient constituées parties civiles lors du procès, avec l’aide du Mouvement du Nid. 

Interviewée dans le documentaire sur Netflix, Mounia a détaillé la brutalité de DSK dans une chambre d’hôtel.  « Il a fait un acte sexuel que je n’aimais pas ; je pleurais et il est quand même allé jusqu’au bout. Je me suis laissée faire parce que j’avais besoin d’argent. Je n’avais qu’une hâte, qu’il termine ». 

Même domination, même violence. Mais cette fois encore, DSK est sorti libre du tribunal de Lille et son casier judiciaire est toujours vierge.

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