Construisons un monde sans porno, sans prostitution, 2e partie. En cette journée mondiale des droits humains, nous publions la seconde partie de la tribune de Florence Jacquet, qui affirme que la porno prostitution n’est ni un travail, ni du sexe.
Dans son rapport récent, la Fondation des Femmes estime à 2,6 milliards d’euros par an le budget minimum que l’Etat (Français) devrait consacrer à la protection des victimes de violences. Il est temps que les moyens soient mis sur la table !
Plus de 90 % des personnes en situation de prostitution désireraient faire autre chose, selon toutes les études. Il faut accompagner toutes ces personnes, leur donner l’opportunité de bénéficier de parcours de sortie de la prostitution, pour construire un monde égalitaire.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise prostitution, il y a LA prostitution. L’industrie de la prostitution ne se préoccupe absolument pas du « bien-être » et de la sécurité des femmes prostituées, il défend ses intérêts. La situation prostitutionnelle est l’activité la plus à risque de mort par homicides (prostitueurs, proxénètes). Il y a 60 à 120 fois plus de risques d’être agressée ou assassinée que la population de générale. À cela s’ajoute la dissociation, les syndromes de stress post-traumatique, suicide,…
Certains parlent d’une activité transgressive… Où est la transgression ? Peut-être dans le déni !
Il faut que cesse la banalisation de la prostitution dans les médias, les réseaux sociaux et autres. La prostitution n’est pas un travail. Le terme TDS (« travailleuse du sexe ») est impropre. « Mal nommer les choses, c’est rajouter au malheur du monde » disait Albert Camus.
Il faut appliquer la loi
Contrairement à ce que disent ses adversaires… La loi de 2016 ne tue pas, ce sont les prostitueurs et les proxénètes qui tuent. Sans prostitueurs pour acheter des prostituées, il n’y a pas de marché donc pas de proxénétisme ni de trafic d’êtres humains. Plus de prostitution, donc.
Mais certain-es ne veulent pas que l’on touche aux clients : Ça n’a rien d’étonnant. Les masculinistes ne le souhaitent pas, l’industrie du sexe non plus.
Le droit international et l’Union européenne pour le modèle abolitionniste
La prostitution est une violence, une atteinte à la dignité humaine, selon les textes internationaux. L’article 6 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1949, ratifiée par la France en 1960) dispose que les États parties prennent « toutes les mesures appropriées, y compris la législation, pour réprimer toutes les formes de traite des femmes et d’exploitation de la prostitution des femmes ».
Le Parlement européen a par ailleurs adopté un rapport en septembre dernier, qui appelle les Etats membres à adopter le modèle abolitionniste, comme le font déjà la France, la Suède, l’Irlande. Il leur est proposé de :
- ● Favoriser la dépénalisation des personnes en situation de prostitution, et leur accès à des programmes de sortie de prostitution,
- ● Criminaliser l’achat d’actes sexuels et toutes les formes de proxénétisme.
C’est ce modèle qui doit être appliqué si nous souhaitons parvenir à construire un monde égalitaire, solidaire, sans : aucune forme d’exploitation, de marchandisation des corps, de déshumanisation, de violence faite aux femmes et aux enfants, de lgbt-phobies, de discriminations, de racisme, d’antisémitisme.
Je le répète inlassablement : les Etats doivent mettre les moyens sur la table pour enfin lutter efficacement contre : les réseaux, les filières, le proxénétisme. Et également mettre réellement les moyens pour lutter contre le rejet, l’exclusion, la pauvreté, la précarité, les discriminations.
Il faut, dès le plus jeune âge, éduquer au fait que l’on n’achète pas du sexe. Les interventions de prévention et sensibilisation dans les écoles devraient être systématiques ! Le changement de comportement prendra un certain temps, peut-être deux à trois générations.
Une des meilleures préventions, est de ne jamais commencer la prostitution.
Tant que la prostitution existe, femmes et hommes ne seront jamais libéré-es du patriarcat, du capitalisme.
Florence Jacquet. Féminisme, abolitionniste, humaniste, survivante de la prostitution
A lire, la première partie de ce texte