« Comme s’il existait un droit du ‘travail du sexe' » !

2035

« Travail du sexe », industrie du sexe, capitalisme… Le féminisme est abolitionniste. Florence Jacquet, qui avait déjà publié dans nos colonnes une tribune en trois parties, a souhaité revenir sur le sujet, dans le cadre de notre campagne « Ni un travail, ni du sexe ».

Le système prostitutionnel est une organisation patriarcale. La prostitution est le dernier bastion d’une longue histoire du patriarcat où le désir de l’homme a toujours primé sur celui de la femme. Le milieu de la prostitution, c’est un monde violent. Ça n’a jamais été sans agressions, viols, dissociations, rackets, meurtres, proxénétisme…. traite d’êtres humains et trafics en tout genre.

La situation prostitutionnelle est l’activité la plus à risque de mort par homicides (prostitueurs, proxénètes). Il y a 60 à 120 fois plus de risques d’être agressée ou assassinée que la population de base.

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 Le système prostitutionnel marque à jamais, et il est difficile d’en sortir indemne. Il restera à jamais des marques. À jamais au fer rouge. Le dégoût et la révulsion ne vous quittent jamais. Faire de son corps une marchandise, un objet à consommer dans le seul but d’assouvir les pulsions des consommateurs, qui décident de faire vivre ou non ce « commerce » (esclavagisme et/ou sexclavagisme) en étant sa « chose ». Une déshumanisation ! 

 Il n’y a pas d’empowerment avec la prostitution. Tant que la prostitution existe, femmes et hommes ne seront jamais libéré-e-s du patriarcat. La prostitution n’a pas toujours existé et, comme le système esclavagiste, elle peut être abolie. Luttons pour l’égalité femmes-hommes

 « Ce n’est pas aux personnes en situation de prostitution d’avoir honte, c’est aux prostitueurs et à la société qui les a rejetées. Les bannies, les exclues, que l’ont a fait marginales. En finir avec cette étiquette « sale », car comment vivre sereinement après, si c’est pour être jugé·e éternellement.[1] »

Travail du sexe : Idées reçues 

Idée reçue 1 : A cause de la loi  2016, les personnes en situation de prostitution seraient plus en clandestinité : mais la prostitution avant la loi, c’était la clandestinité !

Idée reçue 2: la loi tue. Ce n’est pas la loi qui tue, ce sont les prostitueurs qui tuent. Et ce, depuis toujours (voir rubrique In memoriam)

Idée reçue 3 : à cause de la loi il y aurait plus de prostituées qui accepteraient les rapports non protégés. Avant aussi, ça arrivait très régulièrement. 

Est-ce normal que certaines personnes fassent la promotion de la prostitution sur Onlyfans, Loopsider, Brut,… et les réseaux sociaux ? Non ! Pour dire que c’est « fantastique » et que la loi 2016 est responsable de tout les maux ? En utilisant l’acronyme TDS alors que ce n’est Ni un travail Ni du sexe. Il est toujours aisé de trouver un bouc émissaire. 

Comme s’il existait un droit du travail du sexe !

Est-ce concevable que l’on arrive un jour à mettre en place des offres d’emplois, des centres de formation, puis des diplômes, des licences, doctorats de TDS ? Non. Une chose est certaine le travail sexuel n’existe pas, ce n’est #NiuntravailNidusexe.

 Plus de 80% des personnes en situation de prostitution souhaitent pouvoir en sortir. Il faut accompagner sérieusement et décemment toutes les personnes désirant arrêter ou sortir de ce milieu, et leur donner de réelles alternatives. Répétons que c’est l’activité la plus à risque de mort par rapport à la population de base. 

La meilleure prévention est de ne jamais commencer la prostitution. Les médias de masse font sans relâche la promotion de la prostitution (alors que c’est interdit). Ils recourent au terme de « TDS » et soutiennent que la prostitution serait un « travail comme un autre » en donnant régulièrement la parole à un pseudo syndicat qui s’incruste partout. 

Le « travail du sexe » est un projet ultralibéral et antiféministe visant à décriminaliser le viol sous contrainte morale pour permettre la régulation des rapports sexuels sous l’égide d’un marché capitaliste. 

Les survivantes et abolitionnistes, sont très peu audibles. On ne souhaite pas que les survivantes s’expriment. 

   Il faut faire de la prévention et de la pédagogie dès le plus jeune âge dans le cadre de l’égalité f/h, que l’on n’achète pas du sexe, que le corps n’est pas une marchandise. 

Le changement de comportement prendra un certain temps, peut-être deux à trois générations.  

 Florence Jacquet,

Féministe, abolitionniste, survivante de la prostitution.

 A voir également, notre Lundi de Prostitution et Société n°8 « Ni un travail, ni du sexe »