Prostitution et Société

Nous avons reçu ce témoignage par courriel. Nous le livrons tel qu’il nous a été transmis, avec la promesse faite à son auteure d’un anonymat absolu.

Aujourd’hui, on prétend apporter une réponse à tout. Et dans la tentative de donner une réponse à tout, on n’entend plus le sens de la demande. En fait, on efface les problèmes.

Au mot "consentant-e", un dictionnaire de 2005 précise : ne se dit guère que des femmes. Deux livres passionnants, signés de deux philosophes -- Michela Marzano et Geneviève Fraisse -- analysent sous toutes ses coutures la notion de "consentement", un principe aujourd’hui systématiquement avancé pour justifier le port du voile aussi bien que la légalisation de la prostitution ou de l’euthanasie. Les choses sont-elles donc si simples ?

Des jeunes femmes dévêtues appuyées contre les murs de grands monuments à l'européenne. La scène se passe… sur des billets de banque.

Tout est bon pour avoir la peau la loi de 2016. Dernière arme en date, un documentaire qui, sans rougir de honte, exploite le seul meurtre de femme prostituée survenu en Suède, (par son ex-conjoint et non dans le cadre de la prostitution) depuis que le pays a initié la pénalisation des clients prostitueurs en 1999(1). On en reste le souffle coupé.

Julie était secrétaire. Une séparation, un surendettement, deux enfants à élever… Elle est devenue « escorte » sur Internet. Elle dit son irrépressible envie de témoigner, « mais à visage caché, bien obligée ». Condamnée à la clandestinité et à une solitude sans nom, elle décrit l’indifférence de sa famille et des hommes qui l’exploitent, et l’abandon des institutions et de la société. Mieux que tous les discours, son histoire montre un processus d’enfermement dont il est bien difficile de s’extraire.

Sensibiliser les médias est une voie qui pourrait, ailleurs et pourquoi pas en France, utilement être imitée.

De l’Allemagne, on retient surtout la légalisation de la prostitution et du proxénétisme et les images du bordel berlinois Artémis, ce McDo dont la marchandise en rayon est le corps des femmes. Il est donc réconfortant de savoir que des féministes, outre-Rhin, continuent envers et contre tout de se mobiliser contre cet esclavagisme prétendument aseptisé.

Ce n’est plus un secret, la prostitution s’est déplacée ces dernières années de la rue vers Internet. Les sites proposant des personnes prostituées se sont multipliés et des affaires commencent à défrayer la chronique judiciaire. Pour Myriam Quéméner[[Auteure, avec Joël Ferry, de Cybercriminalité, un défi transnational, 2e édition – éd Economica, 2009.]], magistrate au service criminel de la Cour d’Appel de Versailles et experte auprès du Conseil de l’Europe en matière de cybercriminalité, leur prolifération est devenue « un vrai sujet de préoccupation ».