« Travailleuses du sexe » ou « survivantes de la prostitution » ?

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Quand entendrons-nous enfin la voix des personnes prostituées qui refusent la prostitution et ses violences ? Rien n’est plus difficile à l’heure où des lobbys s’évertuent à normaliser le travail du sexe et à ouvrir les vannes aux fabuleux profits liés à la vente des corps des plus vulnérables, femmes en grande majorité, mais aussi adolescent-e-s et enfants. Face à ce puissant rouleau compresseur, naissent des initiatives qui méritent pourtant d’être soulignées.

Ainsi, en Argentine, des femmes de l’organisation Ammar Capital ont décidé de se séparer de l’Association des femmes prostituées d’Argentine parce qu’elles refusent d’être considérées comme des travailleuses du sexe. Elles optent donc résolument pour une nouvelle dénomination : femmes au chômage en situation de prostitution.

Dans une interview publiée par le site web Les Pénélopes, une de ces femmes raconte comment Ammar Capital a peu à peu remis en cause la décision d’un syndicat de travailleurs argentins de signer un texte avec la ministre du travail pour institutionnaliser un statut de travailleuses sexuelles. Avec le recul, elle analyse ainsi l’accord originel des femmes prostituées :

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Nous nous sommes présentées comme « travailleuses sexuelles » parce que ce fut le premier moyen que nous ayons trouvé pour nous rendre visibles.

Mais l’identification avec cette étiquette élaborée par d’autres s’est révélée problématique : Syndicaliser cette situation, c’est faire une faveur terrible aux proxos et aux clients.

L’effort s’est alors porté pour ces femmes dans le sens d’un combat contre la tutelle intellectuelle, syndicale et institutionnelle du Syndicat de travailleurs et pour la mise en place d’un espace de parole qui soit vraiment le leur. Aujourd’hui, elles revendiquent éducation, formation, préparation pour avoir des options de vie.

Peut-on voir dans cette initiative un signe de changement ? On peut le croire. Au même moment, des femmes indiennes lasses du mouvement favorable au travail du sexe décident de fonder le Red light Despatch, un journal pour — et par — les femmes des quartiers rouges de Delhi, Bihar et Maharashtra. Leur objectif ? Lutter pour le droit de ne pas être prostituée