La Délégation du Mouvement du Nid Paris s’indigne des « rafles policières » dirigées contre les personnes prostituées au bois de Boulogne et au bois de Vincennes dans la semaine du 19 novembre 2014.
Nous dénonçons les conditions dans lesquels les forces de l’ordre ont procédé à ces arrestations et les manquements aux droits fondamentaux qui nous ont été rapportés. Nos équipes de bénévoles sur le terrain ont recueilli les témoignages de personnes terrorisées et humiliées par les fonctionnaires de police, pourtant en charge de garantir leur sécurité.
Nous avons été informées que, dans la nuit du mercredi 19 novembre 2014, près d’une vingtaine de femmes étrangères, principalement originaires de Roumanie et d’Amérique latine, ont été interpellées, fouillées, malmenées (l’une d’elles a été contrainte de se déshabiller pour prouver qu’elle n’était pas un homme), conduites en centre de rétention administrative aux fins qu’il soit procédé à leur éloignement forcé.
Ces pratiques sont d’autant plus intolérables et incompréhensibles :
- qu’elles visent des personnes étrangères en situation de traite et déjà victimes des violences les plus extrêmes ;
- qu’elles visent des personnes dans l’impossibilité de se défendre et de contester juridiquement ces arrestations en raison de leur isolement et de la contrainte des réseaux pesant sur elles ;
- qu’elles méconnaissent manifestement les prescriptions du législateur français et du gouvernement qui ont reconnu la nécessité de protéger les personnes prostituées et de ne plus traiter ces personnes comme des délinquantes mais bien comme des victimes. C’est le sens notamment de l’abrogation du délit de racolage qui figure dans la PPL « visant à renforcer la lutte contre le système prostitueur » votée en décembre 2013 à l’Assemblée Nationale et qui, faute de volonté politique, n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat.
L’Etat invoque l’ordre public pour justifier ces arrestations et les expulsions d’étrangères auxquelles elles donnent lieu, alors que, rappelons-le, les personnes arrêtées sont contraintes à se prostituer. Nous lui rétorquons que le respect de la dignité humaine est également une composante de l’ordre public et nous déplorons une fois de plus, que les préceptes de salubrité et de tranquillité publiques prennent le pas sur les droits fondamentaux.
A la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce mardi 25 novembre 2014, et quelques mois à peine après l’adoption du premier Plan d’Action National contre la traite des êtres humains, nous ne pouvons ni comprendre, ni accepter, de tels agissements. C’est pourquoi nous demandons au Ministre de l’intérieur de nous recevoir au plus vite et de nous exposer sa stratégie pour lutter contre les violences faites aux femmes les plus vulnérables que sont les victimes de la traite à des fins sexuelles.
A l’heure des bilans, cette fin 2014 a un goùt amer pour les associations telles que le Mouvement du Nid qui attendent que les promesses du Gouvernement soient traduites par des actes concrets.