USA : une industrie du sexe prospère et parfaitement banalisée

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Dans de nombreuses villes, le commerce du sexe génère plus d’argent que celui de la drogue. Voilà une information qui mérite de faire les gros titres ! Si l’industrie du sexe génère des millions de dollars chaque année, elle a jusqu’ici peu soulevé l’intérêt des chercheurs. L’enquête menée dans huit villes des États-Unis, et relayée par l’AFP, est une première.

L’Urban Institute livre ainsi un rapport de 380 pages[Estimating the Size and Structure of the Underground Commercial Sex Economy in Eight Major US Cities, par Meredith Dank, Bilal Khan, P. Mitchell Downey, Cybele Kotonias, Debbie Mayer, Colleen Owens, Laura Pacifici, Lilly Yu. À découvrir [en ligne sur le site dédié ou à télécharger sur cette page, ci-dessus.]] à la demande du ministère de la Justice américain, désireux d’en savoir plus sur cette importante économie souterraine. À Atlanta, Dallas, Denver, Kansas City, Miami, Seattle, San Diego et Washington, l’étude, menée auprès de 73 proxénètes, de prostituées et de policiers, a porté sur les méthodes de gestion, les rivalités, le recrutement ou les partenariats entre les différents acteurs, comme pour une industrie traditionnelle. L’essentiel de ses résultats ne porte pas tant sur les chiffres, assez élastiques, que sur le constat de l’ampleur du « commerce du sexe », désormais parfaitement intégré à la vie sociale. Dans ces huit villes, il aurait, selon l’étude, généré entre 39,9 et 290 millions de dollars en 2007. Un proxénète américain pourrait encaisser entre 5.000 et 33.000 dollars par semaine. Les tarifs pratiqués sont très divers, de 5 à 1000 dollars, mais tournent globalement autour des 200 à 400 dollars. L’essentiel de ce «commerce» se fait en argent liquide.

Si c’est pas blanc, c’est pas bon

L’intérêt de l’étude porte surtout sur le fonctionnement de « l’activité ». Deux proxénètes sur trois recrutent dans leur cercle social et un sur cinq sur Internet, méthode de racolage de plus en plus utilisée. Pour attirer les femmes, rien de bien neuf : la séduction, la possibilité d’argent facile… 15 % affirment utiliser la violence. Près d’un sur 5 avoue imposer des quotas journaliers de gain, de 400 à 1000 dollars, à respecter au centime près. On est tenté de demander : quid de ceux qui n’avouent pas ? Ces proxénètes affirment préférer les femmes blanches, plus demandées selon eux, et les filles plus jeunes car plus faciles à gérer. Nombreux sont ceux à dire qu’ils interdisent la prise de drogues dures. Vérité (destinée à ne pas abîmer la marchandise) ou affirmation censée ne pas trop salir leur image ? Les frais annoncés par les proxénètes sont surtout des frais de transport ; le business demande beaucoup de mobilité, notamment pour suivre les grands événements sportifs comme les championnats de basket qui leur rapportent beaucoup d’argent. Logement, vêtements et maquillage pour les prostituées sont d’autres postes coùteux. Bien entendu, même si l’AFP n’en fait pas état, on sait que tous ces frais ne sont pas réglés par les proxénètes mais bien par les personnes prostituées, tenues de multiplier les passes !

L’entente avec les patrons d’hôtels et la police

On apprend, avec intérêt mais sans surprise, que des associations lucratives peuvent se former avec les patrons d’hôtels et même les forces de l’ordre, lorsqu’ils sont « clients ». Entre 5 et 10 % de la base de ma clientèle, c’est la police, dit un proxénète qui évoque le chantage à l’arrestation. Enfin, il apparaît que les gangs sont de plus en plus impliqués dans ce « marché ». Autrement dit, le « commerce » est prospère et en voie de durcissement. À télécharger Le rapport de recherche : Estimating the Size and Structure of the Underground Commercial Sex Economy in Eight Major US Cities. Estimating the Size and Structure of the Underground Commercial Sex Economy in Eight Major US Cities
Et The Hustle, résumé des principaux enseignements de la recherche : The Hustle

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