À Lyon, 2 juin 1975 – 2 juin 2015 : 40ème anniversaire de l’occupation de l’église Saint Nizier à Lyon par les personnes prostituées

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Répression des personnes prostituées, impunité des clients prostitueurs,
40 ans après, l’injustice perdure !

Il y a 40 ans, jour pour jour, le Mouvement du Nid accompagnait cent femmes prostituées, dont leur leader Ulla, dans l’occupation de l’église Saint-Nizier à Lyon, afin de dénoncer la répression policière à leur encontre. Poursuivies pour délit de racolage actif et même menacées de prison pour certaines d’entre elles en raison de la récidive du délit caractérisé par une attitude de nature à provoquer la débauche, elles faisaient part de leur intention de ne pas quitter les lieux tant que les poursuites à leur encontre ne seraient pas levées.

Annonce

Présent à leurs côtés pendant l’occupation de l’église, comme depuis le début du mois d’avril (voir chronologie des faits ci-dessous), le Mouvement du Nid relayera les revendications des personnes prostituées auprès de la préfecture du Rhône, des médias, mais aussi du Gouvernement.

Mais les décennies passeront sans que les politiques publiques en matière de prostitution prennent leurs responsabilités à l’égard des victimes de ce système de violence et d’exploitation, réprimées comme des criminelles alors que les « clients » bénéficient de l’impunité.

40 ans après cette mobilisation, le Mouvement du Nid déplore avec vigueur l’immobilisme et l’irresponsabilité du Sénat qui a choisi le 30 mars 2015 de maintenir une politique répressive à l’encontre des personnes prostituées tout en préservant l’impunité des clients de la prostitution.

Présente en 2009 devant l’église Saint-Nizier, à l’invitation du Mouvement du Nid qui avait organisé un procès citoyen du délit de racolage, « Ulla » avait déclaré : c’est la police qui fait la loi, cela me rappelle des souvenirs et je suis déçue. J’ai l’impression de me retrouver trente ans en arrière.

Pour sortir de cette impasse, une politique progressiste et pragmatique se dessine avec la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel qui sera examinée en seconde lecture à l’Assemblée nationale le 12 juin 2015. Le Mouvement du Nid, toujours présent dans 32 départements auprès de 5000 personnes prostituées, appelle les parlementaires à :

  • supprimer toute forme de répression à l’encontre des personnes prostituées et à leur offrir de véritables moyens de protection, d’accompagnement social et d’alternatives à la prostitution,
  • condamner enfin ceux qui exploitent la précarité et la vulnérabilité de femmes, d’hommes et enfants, pour leur imposer un acte sexuel par l’argent, en interdisant tout achat d’un acte sexuel.

RETOUR SUR LES FAITS DE 1975

Présent auprès des personnes prostituées lyonnaises depuis de nombreuses années, le Mouvement du Nid avait dès 1974 organisé plusieurs réunions de négociation avec la police et les services préfectoraux. Malheureusement, leur impact ne fut pas concluant. Sollicité à nouveau par les personnes prostituées en avril 1975, le Mouvement du Nid organise alors une première réunion collective avec les personnes prêtes à se mobiliser. Le 23 avril 1975, 68 personnes prostituées répondent à l’appel et permettent d’envisager la mise en place d’une action collective d’ampleur.

  • Le 28 avril 1975, le collectif de personnes prostituées sollicite un rendez-vous avec le préfet du Rhône. Dans sa réponse du 6 mai 1975, celui-ci indique qu’il est prêt à recevoir les responsables du Mouvement du Nid mais pas les personnes prostituées. Le Mouvement du Nid refuse alors de se rendre à la préfecture si les personnes prostituées n’y sont pas reçues.
  • Le 29 avril 1975, Ulla participe avec le fondateur du Mouvement du Nid, André-Marie Talvas à l’émission « Les dossiers de l’écran » et fait part des revendications du collectif de personnes prostituées.
  • Le 15 mai 1975, le Mouvement du Nid organise une conférence de presse qui permet au collectif de personnes prostituées de faire part de leurs doléances. Elles dénoncent notamment la répression qui pèsent sur elles au titre du délit de racolage, mais aussi l’obstacle à leur réinsertion que constituent les amendes et l’imposition de leurs revenus.
  • Le 29 mai 1975, en l’absence de résultats locaux, les personnes prostituées et le Mouvement du Nid décident d’une action d’interpellation plus radicale des autorités en occupant l’église Saint-Nizier.
  • Le 2 juin 1975, le collectif des personnes prostituées et le Mouvement du Nid lancent l’occupation de l’église Saint-Nizier.
  • Du 2 au 10 juin, comme depuis le début du mois d’avril 1975, le Mouvement du Nid tentera de relayer les revendications des personnes prostituées auprès de la préfecture du Rhône, des médias, mais aussi du Gouvernement.
  • Les personnes prostituées seront finalement expulsées par les forces de police le mardi 10 juin à 5 heures du matin. Le mercredi 11 juin, en conseil des Ministres, le Président Giscard d’Estaing demande que l’on s’occupe d’une façon humaine du problème de la prostitution et charge Simone Veil, ministre de la Santé de nommer un haut fonctionnaire pour étudier une réforme de la législation sur la prostitution.