Le 23 novembre, nous marcherons contre toutes les violences sexistes et sexuelles !

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A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Mouvement du Nid appelle à marcher le 23 novembre à 14h à Paris (place de l’Opéra) contre toutes les violences masculines, et est co-signataire de ce texte

Tribune parue dans Le Monde. https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/19/le-23-novembre-nous-marcherons-contre-toutes-les-violences-sexuelles_6019705_3232.html

Annonce

Le 25 novembre, c’est la journée internationale de lutte contre les violences masculines, et cette année encore, nous marcherons. Nous marcherons le samedi 23 novembre, à Paris à la marche organisée par le collectif #Noustoutes, et dans toute la France, pour crier notre colère contre l’impunité des hommes, coupables de violences contre les femmes et les filles.

Ce que nous voulons, c’est crier. Et dans ce cri, il y aura les cris des 94.000 femmes violées et les pleurs des 225.000 femmes victimes de violences conjugales chaque année en France. Et bien pire encore : au centre de ce cri, il y aura le son assourdissant du silence des 127 femmes déjà tuées en 2019, victimes de féminicides, et celui de toutes les femmes que les violences masculines ont détruites ou poussées au suicide.

Ce que nous voulons, c’est hurler. Et dans ce hurlement, il y aura la souffrance des 4 millions de femmes et hommes victimes d’inceste, il y aura le cri silencieux des 165.000 enfant.es violées chaque année en France, dans une quasi-totale impunité (0,4% des violeurs pédocriminels, et 1% des violeurs seront condamnés).

Ces chiffres ne sont pas que des statistiques, c’est un pouvoir réel, concret, des hommes sur les femmes. La domination masculine, ce sont les hommes qui considèrent, en tant que classe, avoir le droit de considérer les femmes et les enfants comme des objets, avoir le droit de se les approprier, de les frapper, de les violer, de les acheter et de les vendre. Les conséquences psychotraumatiques de ces violences sont aussi massives que l’impunité des hommes coupables.

« L’inceste est la filière de recrutement » de la prostitution, rappelait Andrea Dworkin (42% des femmes en prostitution sont des victimes de pédocriminels); parce qu’ayant subi des violences sexuelles, beaucoup de filles et de femmes sont contraintes à des mécanismes de dissociation psychotraumatique pour survivre et avoir l’impression de prendre le dessus. Lorsque des hommes imposent des actes sexuels à des filles et à des femmes, par l’emprise de l’argent, par la terreur des proxénètes et des pornocrates, ce ne sont rien d’autre que des viols tarifés. La loi abolitionniste de 2016 qui dépénalise les personnes en prostitution, et qui renforce la lutte contre les proxénètes et les « clients » prostitueurs doit être appliquée partout en France. Le « consentement » ne devrait pas s’acheter, le désir et la volonté ne le peuvent jamais. Il ne peut y avoir de lutte efficace contre les violences sans dénoncer ce continuum des violences masculines.

Pourquoi est-ce si lent ? Les femmes n’ont pas le temps d’attendre. Nous voulons que le Grenelle contre les violences conjugales débouche sur des mesures concrètes, transversales à toutes les violences faites contre les femmes, et dotées du budget nécessaire. Nous voulons que la “grande cause du quinquennat” signifie politique publique ambitieuse, avec une méthode, des mesures, des moyens, ainsi qu’une évaluation systématique et transparente des dispositifs mis en place.

Contre toutes les violences masculines, contre toutes les violences, en particulier celles que commettent des hommes sur des femmes lesbiennes, des femmes victimes de racisme, des mères, des filles, des femmes parmi les plus précaires, des femmes en situation de handicap, pour l’universalité des droits fondamentaux des femmes, contre le système prostitueur et pornocriminel, nous marcherons le 23 novembre !

Organisations signataires :

Isabelle Aubry, AIVI; Marie-Hélène Franjou, Amicale du Nid; Marie-Noelle Bas, Chiennes de garde; Marie-Josephe Devilliers, CIAMS; Suzy Rotjman, CNDF; Marie-Claude Bertrand, CNFF; Emmanuelle Piet, Collectif Féministe contre le Viol; Catherine Morin Le Sec’h, CQFD Lesbiennes Féministes; Florence Montreynaud, Encore Féministes !; Françoise Brié, Fédération Nationale Solidarité Femmes; Inna Shevchenko, FEMEN; Claire Desaint, Femmes pour le Dire, Femmes pour agir; Sabine Salmon, Femmes Solidaires; Yves Scelles, Fondation Scelles; Lilian Halls-French, Initiative Féministe EuroMed; Jocelyne Adriant-Mebtoul, La CLEF; Claudie Lesselier, Maison des femmes de Paris; Nelly Martin, Marche mondiale des femmes; Murielle Salmona, Mémoire Traumatique et Victimologie; Claire Quidet, Mouvement du Nid; Céline Piques, Osez le Féminisme !; Marion, Pépite sexiste; Planning Familial 94; Catherine Quentier, RAJFIRE; Michèle Vianès, Regards de femmes; Monique Dental, Réseau féministe Ruptures; Huguette Klein, Réussir l’Égalité Femmes-Hommes; Gérard Biard, Zéro Macho

Personnalités signataires :

Fatima Benomar, Co-fondatrice des effrontées; Hélène Bidard, Adjointe à la Maire de Paris, en charge de l’égalité femmes/hommes et la lutte contre les discriminations; Adélaide Bon, autrice; Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (2013-2019); Margaux Collet, autrice; Catherine Coutelle, ex-députée et présidente de la délégation aux droits des femmes (2012-2017); Typhaine D, autrice, comédienne féministe, Caroline De Haas, militante féministe; Christine Delphy, sociologue et directrice de recherches CNRS; Claire Guiraud, militante féministe; Ghada Hatem-Gantzer, médecin-chef de la Maison des femmes; Rosen Hicher, survivante de la prostitution et militante féministe; Mie Kohiyama, présidente de “Moi aussi Amnésie”; Marie Laguerre, militante féminismte; Coralie Miller, autrice, metteuse en scène; Maud Olivier, ex-députée, rapporteure du projet de loi contre le système prostitueur; Raphaëlle Remy-Leleu, autrice; Laurence Rossignol, Sénatrice, ex-Ministre des droits des femmes, présidente de l’Assemblée des femmes.

(*) Texte d’appel inspiré par le discours “Je veux une trêve de 24h durant laquelle il n’y aura pas de viol” d’Andréa Dworkin, pionnière de la lutte contre les violences masculin