Opérations anti-prostitution : Le Mouvement du Nid riposte

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Les personnes prostituées sont toujours les premières à faire les frais des mouvements d’humeur des politiques ; sautes d’humeur accompagnées de caméras mais dépourvues de mesures de fond. À quand une politique qui voit plus loin que le bout du trottoir?

Lyon

L’information circulait depuis avril 2007. La mairie (PS) avait l’intention de retirer aux personnes prostituées l’autorisation d’occuper le cours Charlemagne et le quartier de Perrache. Motif, les travaux sur le point d’être engagés pour la restructuration du quartier.

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Il semble que le passage de Nicolas Sarkozy fin juin dans ce quartier envahi par la prostitution, alors qu’il se rendait aux funérailles d’un gendarme, ait achevé de mettre le feu aux poudres. Le coup de colère présidentiel devant ce spectacle a en effet été immédiatement suivi de l’arrivée d’un nouveau préfet, Jacques Gérault, ancien préfet de Bordeaux et ancien directeur de cabinet du même Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Dans la foulée, une intervention policière musclée a eu lieu début juillet. Mise en scène à grand renfort de médias, convoqués pour l’occasion, cette intervention s’est appuyée sur un arrêté anti-stationnement. En une quinzaine de jours, le quartier où stationnaient habituellement plus d’une centaine de camionnettes était déserté.

Les militants demandent plus que des promesses

La délégation lyonnaise du Mouvement du Nid, qui était parvenue avec d’autres associations à obtenir de la Mairie la promesse de mesures concrètes sur ce quartier de prostitution (amélioration des conditions d’hygiène grâce à des wc mobiles de chantier et un meilleur nettoyage) ne s’en est pas tenue là. Elle a adressé une lettre au préfet demandant que soient enfin prises des mesures de fond, au-delà du « coup de balai » habituel qui n’aboutit jamais qu’à refouler la prostitution à quelques centaines de mètres, dans des lieux moins visibles.

Trouver enfin des réponses concrètes

Certes, le directeur de l’agence pour l’emploi n’a pas pu faire de promesses mais il s’est engagé à ce qu’une personne soit chargée de recevoir les femmes qui le souhaiteraient.

Reste la question du devenir des personnes expulsées du quartier Perrache. Sur la grosse centaine de camionnettes, le Mouvement du Nid lyonnais n’a retrouvé la trace que d’une trentaine d’entre elles, à Gerland. Quelques personnes sont toujours prostituées, à pied, sur l’ancien périmètre, et d’autres sont maintenant sur les routes où existent des problèmes de concurrence avec les anciennes installées. Personne ne sait ce que les autres sont devenues.

La délégation constate en tout cas une augmentation sensible, ces dernières années, de la présence de Nigérianes et de toutes jeunes femmes de l’Est (âgées d’une vingtaine d’années) sur les lieux de prostitution lyonnais.

Si les premières sont très contrôlées – les policiers recherchant les personnes immigrées sans papiers -, les secondes semblent être très peu inquiétées. La loi LSI de 2003, censée libérer les trottoirs de la prostitution, ne semble pas, pour le moins, avoir atteint son but …

Lille

Selon les autorités, l’opération anti-prostitution menée en septembre 2007 dans le Vieux-Lille a été un succès. Huit personnes ont été interpellées pour racolage passif et placées en garde à vue. En réalité, l’opération a été mise en péril par une intervention imprévue, et pacifiste, de la délégation lilloise du Mouvement du Nid, informée peu de temps auparavant des projets de la police.

Une seule arme, la parole : des militant-e-s ont fait le tour du quartier pour informer une par une les personnes prostituées et les engager à rentrer chez elles pour ne pas risquer les menottes. Quand la police a entamé sa tournée, avec le préfet en personne, la plupart étaient parties…

La délégation entendait ainsi à une politique ponctuelle, superficielle et répressive. Une nouvelle fois, les plaintes des riverains n’ont abouti qu’à une opération policière à courte vue avec convocation des caméras. La délégation lilloise persiste à exiger une politique de fond qui, au lieu d’arrêter les personnes prostituées, vise les clients prostitueurs et les proxénètes.