Sisters in Law

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Loin des stéréotypes, un propos universel sur les droits des femmes et des enfants, la violence, et les rapports entre la loi et la coutume.

Nous sommes à Kumba, petite ville du sud-ouest du Cameroun où, comme tant d’autres régions d’Afrique, la tradition et le droit coutumier prennent encore souvent le pas sur la législation nationale, où femmes et enfants sont encore considérés comme un bien mobilier, propriété de leurs vis-à-vis masculins.

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C’est pourtant là que la conseillère d’État et avocate Vera Ngassa et la juge Béatrice Ntuba osent briser des tabous, poursuivre et juger des maris violents, des violeurs et des bourreaux d’enfants et s’élever contre des mentalités rétrogrades, appliquer la loi, tout simplement, pour la cause des femmes et des enfants.

C’est leur travail quotidien que nous montre le passionnant documentaire de Kim Longinotto et de Florence Ayasi, « Sisters in Law », sélectionné pour le festival de Cannes 2005, sorti en salles en France au printemps 2006.

Au sein de cette petite cour de justice, nous suivons le dossier de plusieurs plaignantes : celui de Manka, le corps couvert de cicatrices, orpheline de 6 ans battue par sa tante. Celui d’une fillette, violée par son voisin. Celui de deux épouses musulmanes enfin, qui osent l’impensable : demander la séparation d’avec leur mari violent. Quatre récits qui se croisent, faisant alterner témoignages des victimes, confrontations avec les accusés et audience.

Les situations, bien réelles, sont dramatiques, mais grâce à la personnalité haute en couleur des deux protagonistes, on est certes horrifié, indigné, mais également ému et même amusé. Car nos deux dames de fer dispensent aussi bien conseils et reproches que bons mots et sagesse, rendent la justice avec autant de rigueur que de compassion.

Et lorsque le verdict tombe, on se surprend à vouloir applaudir. Avant d’admirer à nouveau Vera qui se rend en prison afin de veiller aux conditions de détention de ceux qu’elle a fait condamner.

Le grand talent des deux réalisatrices, britannique et camerounaise, est d’avoir su s’effacer complètement. La caméra se fait si petite qu’accusés et victimes semblent l’oublier totalement. Aucun voyeurisme donc, mais au contraire une grande pudeur, beaucoup de décence et une distance toujours juste.

Loin des stéréotypes souvent associés à l’Afrique, ce documentaire est à la fois bouleversant et singulièrement revigorant, grâce à l’espoir que les deux héroïnes apportent à leurs clients, à leur énergie et leur humanité.