« Nous n’irons pas au bois… » Des hommes disent non à la prostitution !

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Le vieux prostitueur est mort, vive l’homme féministe, les femmes et l’égalité !

Ils sont déjà trente-deux, à l’heure où nous écrivons ces lignes ; trente deux hommes, de dix pays différents, à signer un manifeste qui n’a jamais eu de précédent. Pour la première fois, en effet, des hommes s’unissent pour dire publiquement qu’ils ne sont pas et ne seront pas « clients » :

Nous, signataires de ce manifeste, hommes de tous âges, origines et conditions, refusons de vivre notre sexualité au travers de rapports marchands. Pour nous, la sexualité est avant tout une relation humaine, vécue dans l’égalité et le respect de l’autre, de sa liberté et de son désir.

C’est dit. Lancé à l’initiative de Florence Montreynaud, présidente de « Encore féministes », dont nous avons déjà relayé les travaux sur les hommes « non clients[Lire sur ce site notre interview de [.]] » et qui poursuit ainsi une première action engagée en 2004 (et qui portait entre autres la signature de Jean Ferrat), ce manifeste est maintenant entièrement aux mains du camp masculin puisqu’il est porté par « le réseau Zéromacho », un Zorro abolitionniste qui ne peut que terrasser les forces contraires ! Gérard Biard, journaliste à Charlie Hebdo, Martin Dufresne et Richard Poulin, sociologues québécois, Patric Jean, cinéaste, Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid[[Le Mouvement du Nid, association 1901 reconnue d’utilité publique, est l’éditeur de ce site.]], comptent au nombre des premiers chevaliers signataires.

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Le manifeste fait mouche :

Libre de se prostituer, entend-on dire. Mais qui choisit d’avoir chaque jour plusieurs actes sexuels non désirés avec des inconnus ? Qui est libre dans la prostitution ? Qui a le choix ? Qui recherche son plaisir sans se soucier de l’autre ? Seulement celui qui a le pouvoir de l’argent.

Le texte le proclame haut et fort : Tout homme peut s’affirmer sans nier l’autre, et s’assumer sans dominer.

Suit une série de demandes aux pouvoirs publics, dans le droit fil de la Convention abolitionniste portée entre autres par le Mouvement du Nid : cesser de pénaliser les personnes prostituées, réprimer toutes les formes de proxénétisme, instaurer une éducation sexuelle et affective non sexiste, instituer contre les clients prostitueurs une sanction pénale graduée.

Concluant sur l’exemplarité de la politique suédoise qui pénalise le client prostitueur et enseigne aux enfants qu’on n’achète pas le corps d’autrui, le manifeste met les points sur les i :

Au contraire, en Allemagne et aux Pays-Bas, où les bordels sont légaux, les garçons savent que des femmes seront mises à leur disposition. Comment peuvent-ils dès lors reconnaître les filles comme des égales ?

Quelle Europe allons-nous construire ?, conclut le Manifeste, dans quel monde voulons-nous vivre ?

Nous ne pouvons qu’inciter tous nos lecteurs, au masculin, à se précipiter pour apporter leur paraphe à un texte aussi innovant et porteur d’avenir… Mais aussi toutes nos lectrices, qui peuvent devenir « marraines », aux côtés des trois marraines d’honneur – Benoîte Groult, Denise Pouillon Falco et Andrée Michel, féministes et abolitionnistes de la première heure – et soutenir un homme signataire.

Le vieux prostitueur est mort, vive l’homme féministe, les femmes et l’égalité !

Pour signer « Nous n’irons pas au bois… »

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.