Pour Nicoleta. Tombeau pour une femme oubliée.

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Nicoleta avait 26 ans et la vie devant elle. Elle était roumaine. Ce qui reste d’elle aujourd’hui ? Quelques lignes à  la rubrique « Faits divers ». Avant l’oubli pur et simple, comme pour tant d’autres avant elle. Quelle a été son histoire ? Pourquoi a-t-elle du vivre le déchirement de quitter son pays, sa famille ? Comment a-t-elle été condamnée à  un bout de trottoir en France et à  toute la violence du monde ?

Le 26 octobre 2018, le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné deux hommes albanais, Kudjim Duka et Lisander Ftoni, poursuivis pour violences et proxénétisme aggravés à  l’encontre d’Helena et Nicoleta, à  six et quatre ans de prison avec interdiction définitive du territoire.

Ce procès aura été le procès du courage pour reprendre les mots d’une magistrate. Helena, qui est toujours en vie, est en effet venue témoigner à  la barre. Elle a tenu bon malgré les menaces proférées contre elle et contre sa famille restée en Albanie. Elle s’est tenue debout face à  son bourreau, elle qui avait été tabassée à  coups de cric par Kutjim Duka parce qu’elle avait eu l’audace de parler à  des policiers. Helena voulait juste cesser de payer sa place sur le trottoir et quitter la prostitution.

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Nicoleta n’était pas là . Pas par lâcheté mais parce qu’elle est morte. Poignardée en juin 2016 près de Nîmes par l’un de ses « clients », un « habitué ». Elle avait augmenté son tarif. Il l’a tuée.

Frappée par un proxénète, assassinée par un « client ». Est-ce ainsi que des femmes vivent ? A l’approche du 25 novembre, alors que des victimes de viols et de violences conjugales se rappellent à  notre mémoire, comment oublier le prix fort payé par celles qui sont prostituées ?