Rapport parlementaire sur la prostitution, une première piqure de rappel

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Les députés Danielle Bousquet et Guy Geoffroy n’ont pas l’intention de voir leur rapport finir enterré dans un tiroir. Deux mois après sa publication, ils ont déposé à l’Assemblée Nationale une proposition parlementaire réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution.

Premier objectif, appuyer et relancer le travail de prise de conscience entamé dans l’important document publié le 13 avril 2011 et creuser le sillon qui fera de la prostitution une question politique à part entière. La proposition rappelle en effet que la prostitution ne saurait en aucun cas être assimilée à une activité professionnelle. Elle indique vouloir travailler à offrir des alternatives crédibles aux personnes prostituées qui veulent sortir de la prostitution, garantir leurs droits fondamentaux, donner la priorité à la lutte contre la traite et le proxénétisme, engager un travail de prévention, d’éducation et de responsabilisation des « clients » et de l’ensemble de la société. Ce premier geste de portée législative – la résolution étant destinée à être votée à l’automne – figurait au nombre des 30 propositions dont les médias n’avaient voulu retenir que la perspective de pénalisation des clients prostitueurs (en leur donnant largement la parole sur les plateaux de télé). A cet égard, on relève un point encourageant : la proposition a recueilli le soutien et les signatures de représentants de toutes les familles politiques, soient PCF, PS, Parti de Gauche, Europe Ecologie, UMP et Nouveau Centre. Hélas – est-ce un effet de la recherche du consensus ? – le projet de résolution renonce à demander l’abrogation de la pénalisation du racolage, mesure que le rapport parlementaire n’osait pas davantage réclamer. Pourtant, le maintien de la pénalisation met en péril l’esprit même des avancées préconisées. Cette proposition de résolution, soumise au vote à la rentrée prochaine, peut paraître anodine. Pourtant, la réaffirmation des principes défendus par notre pays est importante dans un contexte où nos voisins réglementaristes, qui ont ouvert la voie à la prostitution-profession en dépénalisant une partie du proxénétisme (Allemagne, Pays-Bas, Suisse) se trouvent en butte à l’explosion de la traite et de la criminalité. Elle pourrait aussi, on l’espère, inciter le gouvernement à prendre enfin des engagements, lui qui a manifesté, hélas, bien peu d’intérêt pour l’important travail accompli par la Mission de l’Assemblée Nationale.

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