Quand le photo-langage permet d’aborder des sujets sensibles tels que la sexualité ou la prostitution avec les jeunes. Interview de Marylène, animatrice, qui intervient dans les établissements scolaires à partir d’une exposition « A corps perdu ».
Une vingtaine de lycéen·nes regardent attentivement la dizaine de grands panneaux de photos – en noir et blanc- assortis de témoignages qui sont exposés dans une salle. Des clichés extraits de l’exposition photos de Marc Helleboid , « A corps perdu- De la violence sexuelle à la sexualité épanouie. »
Cet outil de prévention traite de la sexualité et de la prostitution. Des sujets délicats à aborder, mais « quelques établissements ont pris le risque et ça a très bien marché », explique Marylène, l’animatrice. L’exposition circule dans les établissements scolaires (collèges, lycées) et autres structures (foyers…) qui accueillent les jeunes.
A corps perdu, photos et témoignages
Pendant deux heures, les élèves débattent avec l’animatrice et entre eux des différents sujets abordés dans les photos et témoignages : l’éducation sexuelle, la séduction, l’amour, le corps, la relation non désirée, la pornographie, les clichés autour de la prostitution, les traumatismes…
Venant des Hauts-de-France, les personnes qui témoignent sur ces photos expriment leur ressenti, leur expérience et, parfois, leurs difficultés à s’en sortir. Les jeunes peuvent ainsi s’y identifier, sans avoir à relater leur propre histoire.
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Confidences à la fin de l’animation
Après avoir répondu à un questionnaire portant sur les différents témoignages, chaque élève indique le panneau qui l’a le plus marqué. « Ce sont souvent les mêmes photos qui ressortent », constate Marylène. « Beaucoup d’élèves ont ainsi été frappés par le témoignage de Louis qui est intervenu pour empêcher un garçon ivre d’avoir une relation sexuelle avec une fille », ajoute-t-elle.
La discussion ne s’arrête jamais à la fin de l’animation. Certains élèves viennent voir individuellement Marylène pour poser des questions, demander un conseil ou se confier. « Mon petit copain m’a dit que si je l’aimais, je devais faire tout ce qu’il lui demandait : une fellation dans les WC, montrer mes seins à son copain… Est-ce que c’est normal ? », demande une lycéenne à l’animatrice.
D’autres jeunes filles ont également confié à Marylène qu’elles étaient en situation de prostitution, occasionnellement. L’animatrice leur a expliqué les risques graves pour leur intégrité physique, morale, et a fourni les coordonnées de l’association. Lorsqu’il s’agit de mineures, l’animatrice fait un signalement à l’établissement.
« Au début, les jeunes n’ont pas envie de venir à l’animation, ensuite ils n’ont pas envie de partir », conclut, l’animatrice.
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