La prostitution n’est pas un système marchand comme un autre

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L’association Le Nid défend la proposition de loi présentée par le gouvernement. A Tours, ses bénévoles reçoivent les confidences des habituées de la rue.

Je n’ai plus de fric, il faut que je retourne au tapin… : cette phrase, Magali Besnard, la permanente du Nid, l’a entendue la semaine dernière dans la bouche d’une prostituée tourangelle. Une ancienne bien connue des bénévoles de l’association. Et les exemples de ce genre ne manquent pas.

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Là, c’est une mère seule avec son enfant qui se fait payer ses courses par son voisin en échange de faveurs sexuelles.

Ailleurs, c’est une étudiante africaine logée chez un vieil homme qui réclame des caresses en guise de loyer.

Le troc sexuel, ça existe, ici chez nous, explique Guy Joguet, président du Nid. Nous, nous sommes effectivement abolitionnistes car nous estimons qu’en effet, la prostitution est une violence. Ce n’est pas un système marchand comme un autre. L’histoire de vie des prostituées, les bénévoles du Nid la connaissent. La prostitution tant que c’est pour les autres, ça va, indique Guy Joguet. Mais si c’est votre mère, votre sœur… là, ça ne va plus. Souvent, les filles basculent dans la prostitution au terme d’un parcours douloureux, suite à une mauvaise rencontre. Il y a toujours une fragilité au départ et quelqu’un qui met en lien avec la prostitution.

Entre 2002 et 2004, l’association avait mené l’enquête au sujet des clients. Aujourd’hui, le Nid défend l’idée d’une responsabilité des clients.

Le corps de l’autre ne s’achète pas

Nous ne sommes pas contre les personnes, ajoute Guy Joguet. Mais nous considérons que les prostituées sont des victimes, donc il y a des auteurs… Le but, c’est surtout de responsabiliser les clients.

Mais pour autant, l’association ne veut pas jeter l’opprobre sur les clients pour qui elle voudrait que soient instaurés des lieux d’écoute. La permanente du Nid, elle, souligne que la pénalisation des clients n’est pas le seul pilier de ce projet de loi. Le but de cette proposition, c’est de poser un interdit social, commente Magali Besnard. Il s’agit de dire que le corps de l’autre ne s’achète pas.

Contrairement à ceux qui défendent l’idée d’une prostitution choisie, les bénévoles du Nid mettent l’accent quant à eux sur les effets destructeurs de la prostitution.

Même si elles disent qu’elles en vivent bien, la plupart des prostituées ont une piètre estime d’elles-mêmes, conclut Magali Besnard.Et elles considèrent l’argent qu’elles gagnent comme de l’argent sale.

la phrase
La pénalisation des clients n’est qu’un des aspects du projet de loi. Le texte comporte quatre piliers dont la lutte contre les réseaux de la traite et du proxénétisme qui sont bien organisés sur internet.

C’est Magali Besnard, la permanente du Nid à Tours, qui explique ainsi les bases du projet de loi que défend l’association. Le grand public n’a en effet retenu que la question de la pénalisation des clients mais selon la bénévole du Nid, il contient d’autres pistes de travail. Le projet prévoit par exemple de mettre en place des alternatives à la prostitution ou encore de travailler le volet prévention et information des jeunes. Le texte, précise Magali Besnard, présente une approche globale du problème de la prostitution. Il s’agit de s’y attaquer dans son ensemble. Le Nid est pour sa part favorable à ce texte qui, par ailleurs, a suscité plusieurs pétitions.