Combien de temps encore les « clients » pourront-ils violer et tuer les personnes prostituées en toute impunité ?

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Pas un soir ne passe sans que nos équipes de bénévoles – qui se rendent régulièrement le soir sur les lieux de prostitutions (du Bois de Boulogne au Bois de Vincennes)  – ne recueillent les témoignages anxieux de personnes prostituées qui déplorent les violences répétées que les « clients » ou des rôdeurs leur font subir. Insultes, menaces, vols, coups, coups de couteau, viols et surtout : la peur…. Tel est le quotidien de ces personnes qui, rappelons-le, sont pour l’écrasante majorité purement et simplement forcées à se prostituer.

C’est ainsi que le 12 novembre dernier, un groupe de femmes (d’origine des pays de l’Est) avec qui nous avons tissé un lien de confiance, interpelle nos bénévoles pour leur confier le viol d’une des leurs. Un homme masqué d’un casque de moto a profité qu’il était seul avec l’une d’entre elles (car quel que soit le contexte, elles se retrouvent toujours seules avec le « client ») pour sortir un couteau, lui voler son argent (90 euros) et la violer tout en maintenant le couteau sur sa gorge. Terrorisée elle n’a naturellement pas pu appeler à l’aide.

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Le samedi 15 novembre, une de ces femmes se rend à notre permanence et nous informe, très préoccupée, que toujours Porte de Vincennes, au même endroit dans la nuit du 14 au 15 novembre, une jeune personne prostituée a été tuée à l’arme blanche. La police s’est déplacée mais trop tard.

Elle nous raconte ensuite avoir été elle-même agressée quelques jours auparavant par deux jeunes hommes qui ont tenté de lui voler son sac.

Le 19 novembre, au même endroit, nous apprenons qu’une autre personne prostituée (cette fois-ci originaire d’Afrique du nord) s’est fait arracher un œil la veille par un homme lors d’une agression au couteau.

Dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 décembre, vers 1h, un « client » venu en scooter agresse sur le même parking une autre de ces femmes dans les mêmes conditions que la première. Il la menace d’un couteau, lui demande son argent et tente de la violer. Par chance, elle réussit à s’enfuir.

Cette triste chronique de violences graves n’est qu’un instantané de la réalité des violences inhérente à la prostitution. En effet, dès lors qu’acheter une femme est possible, la tuer ou l’agresser le devient aussi.

Le Mouvement du Nid souhaite avant tout que ces violences gravissimes reçoivent enfin l’attention qu’elles méritent. Il faut cesser d’ignorer les « clients », qui forment selon de nombreuses enquêtes la majorité des agresseurs, qui pensent avoir tous les droits et violentent les personnes vulnérables. Mais nous ne sommes pas dupes ; nous savons que les agresseurs se permettent ces violences sur ces femmes car ils se savent jouir d’une forme d’impunité.

Dès lors, nous dénonçons également la responsabilité qu’a l’Etat, mais plus largement la société, dans les crimes commis contre ces femmes et ces hommes.

Nous dénonçons donc :

  • Le traitement inégal réservé aux personnes prostituées, « citoyennes de seconde catégorie » de facto et de jure : il s’agit pourtant des femmes les plus vulnérables, déjà victimes de traite et de violences graves. Elles ne portent pas plainte et n’ont pas accès à la justice car elles sont sous l’emprise d’un réseau, en situation irrégulière et craignent d’être expulsées ;
  • L’indifférence des forces de l’ordre qui n’assurent pas suffisamment la protection de ces personnes et les considèrent davantage comme des « indics » que comme des victimes.
  • L’indifférence de l’Etat qui tarde à inscrire la Proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitueur à l’ordre du jour du Sénat alors que le texte a été voté en décembre 2013 !
  • Tous ceux (personnalités, médias ou lobbies) qui défendent les « clients » et nient la réalité des violences subies par les personnes prostituées.

Nous demandons :

  • Que les responsables soient inquiétés ;
  • Que les moyens policiers et financiers soient mis en place pour assurer la sécurité des personnes prostituées et que les forces de l’ordre prennent au sérieux les attaques dont elles sont victimes ;
  • Que ces personnes aient accès aux « téléphones d’alerte » qui permettent de garantir à la victime une intervention rapide des forces de sécurité, en cas de grave danger ;
  • Que le gouvernement traduise ses promesses en actes et inscrive la Proposition de loi à l’ordre du jour avant fin janvier 2015.