Marche des Femmes : Le corps des femmes, un enjeu majeur pour le patriarcat et le capitalisme

1333

Après 2000 et 2005, la 3ème Marche Mondiale des Femmes se met en route du 8 mars 2010 au 17 octobre 2010. Partout dans le monde, des femmes se passeront le relais et lanceront des initiatives et des revendications contre la pauvreté et la violence sexiste.

Depuis la Marche de 2000, la MMF est devenue un mouvement permanent, féministe et anticapitaliste. La Coordination Française a adopté en 2007 un texte qui fait le choix de l’abolitionnisme en matière de prostitution.

Nelly Martin, porte-parole de la Marche Mondiale France

Suite à celle que nous avons faite en 2006, nous avons pour projet d’organiser en juillet 2010 une campagne sur la Coupe du monde de football à Johannesburg. Nous sommes en attente à ce sujet des propositions que doivent nous soumettre les femmes de la Marche Mondiale d’Afrique du Sud. Nous sommes abolitionnistes et l’avons affirmé dans un texte de mai 2007 dont voici quelques extraits :

Le commerce des corps est une violation flagrante de l’intégrité des femmes, de leur droit à l’autonomie et à la dignité. Le corps des femmes est un terrain et un enjeu majeur pour le patriarcat dont le capitalisme diffuse les modèles sexuels. Légaliser la prostitution (la réglementer), c’est légitimer les violences faites aux femmes. (…)

Annonce

Lorsqu’on n’a pas d’autre choix, que la misère économique affame les hommes, les femmes et les enfants, que l’imaginaire des peuples du Nord et du Sud est violé, lorsque la domination économique, culturelle et un certain modèle social du Nord sont les seules références reconnues, alors la prostitution se développe. C’est parfois la seule issue pour survivre. Appeler cela un choix est une aberration du système libéral.

La force de ce système d’exploitation est de faire croire aux possibilités de libération par un marché prétendument neutre et d’induire le consentement des personnes marchandisées pour entériner le plus archaïque des rapports de forces. La prostitution (sans argent, pas de sexe) dissimule donc le rapport de domination. L’argent rend invisible ce rapport, il le banalise.

Les politiques réglementaristes pérennisent le système prostitutionnel.
Notre libération ne peut passer que par son abolition.

En ligne, le site de la Marche mondiale des femmes.

Article précédentLe défi abolitionniste sur le terrain
Article suivantATTAC : La prostitution, point ultime de la marchandisation généralisée
Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.