En 2019-2020, notre délégation départementale a été mandatée afin de conduire un diagnostic sur la prostitution. La réalisation de ce diagnostic et les résultats qui en découlent offrent une nouvelle dynamique et de belles perspectives pour la délégation du Doubs.
Cette étude a été réalisée à la demande de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDSCPP) du Doubs entre septembre 2019 et mai 2020. Elle a fait suite à l’installation de la commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains qui s’est tenue le 7 mars 2018 à Besançon. L’objectif était d’établir un état des lieux partagé entre acteurs en réalisant une photographie des situations prostitutionnelles sur le territoire et d’évaluer les besoins des professionnels sur le sujet.
Quantifier le nombre de personnes en situation de prostitution
À l’aide d’un questionnaire envoyé à une cinquantaine de structures, la délégation a tenté de quantifier le nombre de personnes en situation de prostitution (avérée ou probable) rencontrées par les professionnel·les du territoire, soit près de 80 personnes en situation avérée de prostitution et 75 personnes en risque prostitutionnel. Ce sont majoritairement des femmes, jeunes (moins de 36 ans), de nationalité française, habitant à Besançon. Dans notre échantillon, 18 % des personnes en situation de prostitution sont mineures. Ces données sont à considérer avec prudence, étant donné la difficulté à mesurer le phénomène, qui est sans doute sous-évalué.
La délégation a également déblayé le terrain numérique en examinant une centaine d’annonces sur plus de 17 sites Internet d’escorting et de petites annonces (au total 141 profils) et en créant des profils sur des sites de « sugar dating » ou de « tchat » en ligne. Son diagnostic démontre à quel point il était facile et rapide de publier et d’héberger des annonces prostitutionnelles. L’impunité de ces « proxénètes 2.0 » laisse perplexe.
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Une formation indispensable des professionnel·les
Concernant les professionnel·les de l’accompagnement social, le diagnostic a mis en évidence combien elles et ils considèrent mal connaître la prostitution : plus d’un·e professionnel·le sur deux estime avoir peu ou pas de connaissance sur le phénomène. Et 70,5 % rapportent n’avoir aucune ou peu de connaissance sur la loi du 13 avril 2016. Seuls 7,7 % d’entre eux évoquent le volet « accompagnement » de la loi… Ils et elles sont également une majorité à penser que le sujet est difficile à aborder en entretien.
Leur sentiment d’avoir besoin d’une formation est très fort, particulièrement pour développer leurs capacités à comprendre les mécanismes du système prostitutionnel, pour mieux repérer et pour accompagner les personnes victime et mettre en place des actions de prévention.
La réalisation de ce diagnostic et les résultats qui en découlent offrent une nouvelle dynamique et de belles perspectives pour la délégation du Doubs. L’obtention d’un agrément pour la mise en place des parcours de sorties de prostitution est une priorité. En parallèle, l’équipe s’organise pour répondre aux besoins des structures en matière de formation et de sensibilisation.
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