La délégation de l’Hérault, depuis 2013, adapte son champ d’action au contexte spécifique de la prostitution par internet. En 2018, 400 annonces ont été identifiées sur le territoire ; l’équipe a noué un contact avec 196 personnes. 5 personnes ont débuté un accompagnement avec la délégation.
La délégation de l’Hérault, depuis 2013, adapte son champ d’action au contexte spécifique de la prostitution par internet. Une « cellule internet » a été constituée au sein de la délégation, réunissant 7 bénévoles, une salariée et une volontaire en service civique.
En 2018, 400 annonces ont été identifiées sur le territoire ; l’équipe a noué un contact avec 196 personnes. 5 personnes ont débuté un accompagnement avec la délégation.
La prostitution sur internet dans la région
L’équipe a identifié quinze sites d’annonces sur Montpellier, dont cinq alimentés en permanence (ils reçoivent continuellement de nouvelles annonces et des commentaires de « clients »). Le nombre d’annonces par site s’échelonne de 15 à 90.
La délégation a repéré plusieurs types d’exploitation sexuelle :
- sites spécifiques aux « tournées », c’est-à-dire le déplacement de personnes prostituées dans la ville pour une courte période, allant de quelques jours à deux semaines, avec plate-forme de prise de rendez-vous pour l’activité prostitutionnelle ;
- sites « trans » et/ou prostitution masculine ;
- des « agences d’escortes », qui demandent aux personnes prostituées une commission fixe pour organiser les rendez-vous entre elles et les « clients » ;
- des sites mettant en avant des personnes présentées comme des « stars porno ».
La prise de contact avec les personnes utilisant ces sites a été pensée selon trois buts principaux :
- permettre à l’équipe d’évaluer le phénomène prostitutionnel sur internet dans le département ;
- identifier le Mouvement du Nid en tant qu’association de soutien aux personnes prostituées et mouvement de société ;
- établir un lien de confiance et une possible ouverture vers un accompagnement, adapté aux besoins et problématiques des personnes.
L’équipe a suivi une méthodologie empirique guidée par les retours des personnes contactées. Le moyen de communication privilégié par celles-ci étant le SMS, la délégation a mis en activité un téléphone portable pour ce seul usage.
Un texte a été rédigé pour la première prise de contact, amendé en tenant compte des retours ; trois versions différentes ont été élaborées pour s’adapter au profil des personnes contactées. Dans tous les cas, l’équipe a veillé à éviter tout terme pouvant créer un sentiment de stigmatisation.
Lorsqu’un contact est noué, l’équipe de la cellule internet discute en temps réel sur un groupe WhatsApp afin de choisir collectivement la réponse à apporter.
Aussi présent.e.s pour les personnes dans la rue
Dans le même ordre d’idée – briser l’isolement des personnes en situation de prostitution – l’équipe a couvert en 2018 tous les secteurs de prostitution de rue sur Montpellier et un secteur proche du Gard. 76 personnes ont été rencontrées au fil de 21 sorties effectuées par 11 bénévoles, 2 salariées et 1 volontaire en service civique.
Les personnes rencontrées sont diverses : femmes, personnes trans, travestis. Des Françaises (de très jeunes filles se disant à leur compte
), des Nigérianes, des Bulgares, des Roumaines, des Espagnoles, des Algériennes…
Des victimes de la traite des êtres humains sont constamment amenées depuis d’autres villes de France et d’Europe. Les réseaux organisent ces déplacements dans le but de répondre aux demandes de la « clientèle » mais aussi pour empêcher tout ancrage des personnes prostituées. Il s’agit de renforcer l’isolement et la vulnérabilité des victimes du réseau en empêchant que ces dernières puissent créer des liens de confiance avec les associations ou autres personnes ressources.
Focus : La prostitution sur internet, tendance lourde depuis deux décennies
En France, 24 000 personnes prostituées seraient mises à disposition des « clients » par le biais d’un site internet, soit 65% du total des personnes prostituées dans le pays, environ 37 000. L’usage des télécommunications par les proxénètes est ancien (le Mouvement du Nid était en contact, dès le début des années 80, avec des personnes faisant paraître des annonces par Minitel !) s’est fortement accru depuis les années 90.
Internet présente de nombreux avantages pour l’organisation et l’exploitation de la prostitution d’autrui : des coùts dérisoires, en toute impunité. Les « clients » prostitueurs, avec une discrétion totale, accèdent à des catalogues en ligne, choisissent une femme et reçoivent par SMS un numéro de chambre d’hôtel. Le décorum est étudié pour attirer de nouveaux « clients » prostitueurs, des hommes qui n’auraient pas imaginé recourir à la prostitution « de rue » et qui ont une image plus valorisante des « escortes » achetées sur le web.
Nous notons cependant que les réseaux agissant sur Internet sont de plus en plus ciblés par la police et que de nombreux « clients » utilisant ce moyen de contact ont été interpelés depuis la loi d’avril 2016.